Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 28.1902)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

font foi. C’est aussi dans cet État que Boucher reçoit le coup de
pied de l’àne : « à peine laissera-t-il un nom, et il eût été le premier
de tous s’il eût voulu ». Dans un nuta bene, Diderot fait quelques
réserves qui nous rassurent ; il avoue que lorsqu'il dit que tel
peintre est mauvais, c’est relativement au titre d’académicien dont
il est décoré. « Dans le vrai, ajoute-t-il, il n’y en a aucun qui n’ait
quelque talent, et en comparaison de qui un homme du monde qui
peint par amusement et par goût, un peintre du Pont-Notre-Dame,
même un académicien de Saint-Luc, ne soit un barbouilleur. »
L’aveu était nécessaire. Sans que l’on puisse placer Guérin à un
rang élevé, le portrait de Mme de Pompadour révèle un charmant
artiste. Dans cette œuvre, il se montre miniaturiste consciencieux
et délicat, qui connaît toutes les ressources de la peinture à l’huile.

Guérin exposa à tous les Salons de 1761 à 1783, sans grand
éclat, comme on voit, mais non sans profit. Toutefois, jusqu’à plus
ample informé, il est surtout pour nous le portraitiste de la marquise
de Pompadour, dont il nous a donné une très agréable effigie, toute
de grâce froufroutante et de frivolité ; il a fort bien rendu la recherche
un peu outrée de la parvenue et l’assurance victorieuse de la favorite.1

CASIMIR S T R YI E N S K I

1. Nos recherches au Cabinet des estampes ont été infructueuses; nous
n’avons trouvé aucune gravure d’après François Guérin. Les catalogues de ventes
ne nous ont fourni qu’un seul document, le voici : Vente Choiseul-Praslin (1808),
une Scène nocturne : deux amants s’embrassent en sortant d’un pavillon éclairé
de bougies; à gauche, se montre un jaloux, dans l’ombre ; 16 pouces sur 13.
Vendu 1.023 francs.