Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 28.1902)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

ouvriers du Château et de la ville, ceux de Marly, de la Machine,
des aqueducs et des réservoirs. Nous avons encore d’autres préci-
sions par les Comptes. Les dépenses totales pour Versailles, non
compris Marly, ni la rivière d’Eure, montent en 1684 à 4.598.190
livres ; en 1685, à 6.103.760 livres'.

Le dernier de ces chiffres est le plus fort qui ait paru dans le
service des Bâtiments du Roi ; on n’en reverra jamais de semblables.
Sans parler de la brusque chute qui suit la fatale année de 1688 et
arrête toutes les entreprises royales, ceux qui leur succèdent immé-
diatement sont assez loin de les atteindre. Nous savons, par Dangeau
encore, que Louis XIV lui-même s’est rendu compte de l’excès où il
a été entraîné, et que, au moment de fixer le fonds général des
Bâtiments pour 1686, il l’a singulièrement réduit2. On peut admet-
tre que, même à ce moment, le Grand Roi n’était point incapable
d’écouter la voix de la raison. Constatons en tous cas que les dépenses
énormes, et d’ailleurs bien ordonnées, de 1684 et 1685 ne se repro-
duiront plus. Elles correspondent au prodigieux mouvement de
travaux que je viens d’indiquer, à ces montagnes de moellons
remuées par des armées d’ouvriers.

PIERRE DE NOLHAC

1. Ces chiffres sont obtenus en additionnant les totaux partiels réalisés par
M. Guiffrey. (Comptes, t. Il, p. 1316.)

2. « J’appris que le Roi avait fort diminué le fonds des dépenses pour ses
bâtiments; il lui en a coûté l’année passée plus de quinze millions, et il n’en
veut dépenser celle-ci que quatre tout au plus, tant pour tous les bâtiments que
pour la conduite de la rivière d’Eure. » (Dangeau, t. I, p. 274, 2 janvier 1686.)