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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 28.1902

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Nr. 4
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Baud-Bovy, Daniel: Peintres genevois (XVIIIe siècle et commencement du XIXe), 2: le mouvement d'art en Suisse
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https://doi.org/10.11588/diglit.24810#0365

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336

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

dait bien moins d’une apparente parité de facture que de l’intelli-
gente et amicale entente d’un sujet par trois personnalités fortement
caractérisées, capables, au besoin, non de se ressembler, mais de se
compléter. Elles avaient, d’ailleurs, de quoi se suffire à elles-
mêmes.

Fir min M a s so t (1766-1849)

Descendant d’une famille française réfugiée, il est fils d’un hor-
loger sans fortune et frère cadet d’une sœur qui fait de la miniature ;
elle lui donne ses premières leçons; il lui doit de devenir rapidement
l’un des meilleurs élèves de l’école de dessin dont Georges Yanière,
disciple de Vivien, est alors directeur ; il lui doit aussi cette extrême
« féminité » de tant de charme, qui assurera bientôt son succès
comme portraitiste. L’un de ses premiers essais, un portrait de sa
grand’mère tricotant, révèle sa sensibilité délicate, en même temps
que ses facultés de peintre. Il acquerra plus de liberté, plus de
souplesse ; il ne parviendra que rarement à plus de largeur. Dans
ce visage ridé et attentif, dans ces vieilles mains étonnamment
mobiles, dans le bonnet de dentelle, le caraco vert attaché d’un
si joli ruban rose, et dans le gris chaud du fond, transparaît quelque
chose du sentiment d'un Chardin. Toutes les promesses que renferme
cette étude, il les tient avec le portrait d’Agasse, exécuté vers 1787.
Cette petite toile, où le jeune homme, assis, est vu jusqu’au-dessous
des genoux, peut être comparée à ce que les Hollandais ont créé de
plus exquis en ce genre ; elle est palpitante ; toute cette brune atmo-
sphère d’auberge semble animée par la jeunesse de ce beau cavalier
encore coloré de sa chevauchée, un peu las, détaillé si souple et si
bien prise, et dont un gros dogue, en quête d’une caresse, semble
épier le regard rêveur et la main distraite.

L’exécution est accomplie sans effort, menée, dirait-on, d’un seul
coup de pinceau; d’un pinceau qu’affectent les moindres transfor-
mations de la matière, qui sait infuser à la représentation de la chair
le frémissement vital, à celle d’un broc la dureté du métal, à un
meuble le poli du bois, à un gant l’inertie moite dont les doigts
l’ont empreint.

Les troubles révolutionnaires éloignent Massot de Genève pour
un temps. L’excellente Mmo Necker lui offre ainsi qu’à sa jeune
femme l’hospitalité de Coppet. Et c’est près d’elle, dans la vieille
demeure où resplendit et s’ennuie Mrae de Staël, qu’il affine encore
son goût et s’initie plus complètement aux grâces de la femme. Sa
 
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