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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 28.1902

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Nr. 4
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Baud-Bovy, Daniel: Peintres genevois (XVIIIe siècle et commencement du XIXe), 2: le mouvement d'art en Suisse
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https://doi.org/10.11588/diglit.24810#0375

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PEINTRES GENEVOIS

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dent, les loqueteux pittoresques, la laitière et ses seillots, le vannier
et ses ajoncs, le colporteur et ses fichus voyants si gais..., tout ce
monde divers des campagnes, dont il se plaît à peupler ses paysa-
ges. Mieux que quiconque, son fils, en 18i3, au cours d’un article de
critique, a défini la nouveauté de l’œuvre de son père... l’étendue de
sa découverte. « Oui, Topffer, mon père, ce vieillard qui, octogénaire
tout à l’heure, pratique encore son art et lui voue en artiste fidèle,
et la chaleur de ses derniers ans et le tribut de ses derniers loisirs,
est, parmi les paysagistes de notre époque, celui qui a été l’inter-
prète le plus complet de ce paysage savoyard dont nous-mêmes, à
vrai dire, nous n’avons appris qu’à son aide et sur ses traces à con-
naître et à apprécier la riche et piquante variété. »

A.-W. Topffer devait survivre à l’auteur des Menus propos d'un
peintre genevois, à cet enfant qui était autant celui de son intelli-
gence que de sa chair ; ce deuil ne put abattre son ardeur ; lorsqu’il
s’éteignit à son tour, ce fut à son chevalet, le pinceau à la main.

Peintre, M. Roger Marx le définissait devant moi : un Boilly
qui a de l’ampleur ; caricaturiste, on peut le définir : un Hogarth
sans lourdeur, aussi profond, plus artiste ; homme, les quelques
extraits de ses lettres cités à propos d’Agasse l’ont pu montrer, il
unissait — union rare — l’esprit à la bonté.

Genève, depuis longtemps, aurait dû faire à ces vieux peintres,
dans son musée, une place digne d’eux, digne d’elle-mème. Il y a
peu de temps, combien de Genevois auraient su dire qui fut Huber,
qui fut Agasse ? L’exposition récente a surpris, émerveillé, et beau-
coup de ceux qui enviaient à Bâle Bocklin, à Neuchâtel Léopold
Robert, à Soleure Buckser, se sont dit qu’ils méconnaissaient leurs
propres trésors. Ce sentiment si général aura sans doute comme
conséquence heureuse l’importance que l’on donnera, dans l’organi-
sation du nouveau musée, aux salles consacrées à l’ancienne école
genevoise. Alors, nous n’en doutons pas, elle conquerra, peu à peu,
dans l’histoire générale de l'art, le rang, modeste sans doute, mais
bien spécial, qui lui est réservé1.

DANIEL BAUD-BOVY

1. Les reproductions photographiques qui accompagnent cette étude ont été
faites par M. F. Boissonnas, Genève et Paris.

XXVIII.

3e PÉRIODE.

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