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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 28.1902

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Nr. 5
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Le buste d'Antoine Arnaud de la Briffe, premier président du parlement de Bretagne, par J.-B. Lemoyne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24810#0425

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LE BUSTE D’ANTOINE ARNAUD DE LA BRIFFE 393

traies, ces compositions symétriques et guindées, ces airs de tète
maniérés qu’on était convenu d’appeler de la chaleur et de l'effet.
Il semblait fuir la simplicité antique ; lors même qu’il doit rendre
une action tranquille il tourmente ses figures, il les enveloppe, il
les perd dans d’amples draperies dont les plis anguleux et mul-
tiples cachent entièrement le nu et ne laissent à l’artiste que le
mérite du ciseau. Aussi Lemoyne ne doit être considéré que comme
un exemple de la dégradation où tomba la sculpture en France à
b époque où il vécut etcomme un écueil à signaler aux jeunes artistes. »

Qualifier de temps de dégradation une époque où l’art de la scul-
pture était représenté en France par les Pigalle, les Clodion, les
Lemoyne père et fils, les Pajou, et surtout par le plus grand de tous,
Houdon, nous paraît aujourd'hui la plus lamentable des hérésies.

Tout récemment, un commissaire-priseur de Paris retrouvait
dans les minutes de son étude le procès-verbal des prix d’adjudica-
tion de la vente faite en 1828, dans la cour de la Bibliothèque
Royale, rue de Richelieu, des dernières œuvres de Houdon, à la
requête de ses trois filles.

Qui pourrait se douter que des pièces originales de cet illustre
maître, qui aujourd’hui atteindraient des prix incalculables, furent
adjugées à la somme dérisoire de quelques francs !

Trois bustes de l’Empereur Alexandre et de l’Impératrice

Joséphine. 2 50

Une terre cuite, buste de Duquesnoy. 6 »

Un buste de Chénier.10 »

Le comte de Cagliostro. 16 »

Un plâtre de la Frileuse [un des chefs-d’œuvre de Houdon]. 10 »

Un buste de Voltaire, un buste du prince Henri, et tête

de l’Écorché. 3 »

Et ainsi de suite pour cent et quelques articles !

Le total de la vente produisit la somme énorme de 5 035 fr. 20.
Et encore faut-il en défalquer 870 francs pour les frais.

À la fin de ce procès-verbal si curieux on lit l’appréciation sui-
vante du rédacteur de la Gazette de /’ Hôtel Drouot1 : « On reste rêveur
en lisant à notre époque le compte rendu de cette vente et l’on se
demande comment il se fait que les œuvres d’un artiste tel que
Houdon, qui avait la célébrité de son vivant, qui travaillait pour les
altesses royales, impériales et princières, qui fut choisi par tous les

1. N° du mardi Fi au vendredi 13 septembre 1901. Nous devons à notre excel-
lent confrère et ami M. Edmond Bonnaffé la communication de cette note.

XXVIII. — 3e PÉRIODE.

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