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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 28.1902

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Nr. 6
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Loeser, Charles: La collection Beckerath au Cabinet des estampes de Berlin, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24810#0523

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482

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

culier à un mouvement de corps, des rapports de tons, des effets d’une
lumière versée en plein sur tout le mouvement d’une scène agitée.
On peut en dire autant des dessins tardifs du second. Néanmoins je me
hasarde à présenter un croquis de femme, probablement une Made-
leine agenouillée au pied de la Croix. L'éloquente largeur de geste, où
le sens du tragique a quelque chose de la convention théâtrale, con-
serve néanmoins toute sa sincérité. Je ne sais à quelle œuvre cette
étude aura été destinée ; sans doute elle est des dernières années du
maître. La force visuelle du vieillard centenaire s’affaiblissant, les
formes se présentaient à lui en larges masses nuageuses.

Paolo ne renie jamais sa ville natale Vérone, et ne s’adonne pas
aux tendances nouvelles qui prévalent à Venise, où la forme cède
aux intentions purement décoratives. En lui le peintre et le dessina-
teur s’unissent, joignant au plus somptueux coloris les traditions
véronaises de la sévère construction des formes. En outre, Paolo
s’assimile les plus nouvelles tendances de son temps. Nous avons,
en effet, toutes raisons de croire qu’il doit son style exquis à l’étude
des œuvres du Parmegianino. Celui-ci, abandonnant les liens étroits
de son école locale, se trouva dans le plein courant de l’éclectisme,
et c’est probablement à Primatice, qui travaillait à Mantoue non
loin de Parme, qu’il emprunte sa façon de traiter les draperies et
d’éparpiller des reflets de lumière sur de nombreux petits plis. L’ad-
mirable dessin de Paul Véronèse nous fait remarquer une science
profonde, une élégance suprême, ainsi qu’une puissante éloquence.
Parmi ses plus beaux dessins comptent aussi les deux qui se trouvent
au Louvre, dont l’un représente la Madone coupant avec des ciseaux
un bout de la tunique de l’Enfant Jésus, et l’autre une allégorie du
Temps. La collection Beckerath possède d’autres œuvres de Paul Véro-
nèse. 11 en est une que malheureusement ses dimensions empêchent
de reproduire ici, car il serait à craindre qu’elle ne perdît de ses qua-
lités dans la réduction que sa grandeur exceptionnelle exigerait. Cette
feuille, brossée à la sépia, consiste en deux études d’armures qui
reparaissent identiques dans la fameuse toile du chœur de l’église de
Saint-Sébastien à Venise, où ce saint est représenté en guerrier
partant en campagne.

CHARLES LOESER

(La suite prochainement.)
 
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