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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 31.1904

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Nr. 1
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Bouchot, Henri: Les primitifs français: le "parement de Narbonne" au Louvre (1347); le peintre Jean D'Orleans à Paris
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https://doi.org/10.11588/diglit.24813#0024

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18

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

modèles. 11 faut dire ces choses, les répéter à satiété pour être
entendu. En tout cas nos affirmations s’appuient sur des faits et non
sur cette critique à vue de nez et poétique à laquelle nous devons
d’ignorer jusqu’au nom de nos vieux maîtres et de chanter à faux
des gloires usurpées. Comparons le Parement de Narbonne à l’œuvre
des Limbourg, nous surprendrons l’influence de l’un su]' les autres.
Comment d’ailleurs en serait-il autrement? Les Limbourg sont venus
se former chez nous, nous le savons; ils ne nous ont rien apporté,
rien appris. D’où seraient-ils sortis en vérité? de quel centre ima-
gier? De Maeseyck? Alors, qu’on nous montre à Maeseyck une école
installée, un art, un milieu rival de celui de Hesdin ou de Paris.
Le bon sens répond.

Je crois qu’il faut étudier le Parement de Narbonne dans sa con-
stitution esthétique pour mieux comprendre le Broderlam qui appa-
raîtra à vingt ans de là, et les Lirnhourg. En passant, et pour mieux
faire entendre de quelle manière parfois ces influences se produi-
saient, je citerais les Heures de Turin récemment décrites ici même
parM. le comte Durrieu'. Voilà un livre célèbre, composé et enlu-
miné d’assez bonne heure pour le duc de Berry, et passé plus tard
entre les mains d’un prince de Bavière, comte de Hainaut, qui le fit
terminer par un très grand artiste (vers 1417). M. le comte Dur-
rieu propose van Eyck jeune ! Les Heures, commencées en France,
ont donc eu une importance; peut-être les peintres du Nord sont-ils
venus l’admirer. Eh bien! toute la partie due aux artistes du duc
de Berry, et que M. Durrieu penche à donner à Beauneveu, est
de l’esthétique absolue du Parement de Narbonne. Les nimbes sont
les mêmes (planche XXII de la reproduction de M. Durrieu), les
nébulés (id.), les chérubins ou les séraphins (id.), de même les
étoffes à plis souples et moelleux. Mais qu’on remarque surtout l’ar-
chitecture de la planche XLV : c’est du Broderlam déjà, et complète-
ment, tant dans les édicules que dans les meubles. L’artiste qui a
fait le portrait du duc vivait probablement chez lui; il n’est cepen-
dant et ne peut être l’auteur du Parement ; d’abord parce que les sta-
tures ddiommes sont chez lui grotesquement amoindries, que les
visages sont grimaçants et hideux, que, tout en vivant dans le milieu
oh est né le Parement, il ne s’en est pas assimilé l’élégance spéciale
ni la distinction. En ce qui me concerne, je ne nommerais pas Beau-
neveu, parce que le portrait du duc de Berry est représenté trop

1 . Cf. Paul Durrieu, Les Débuts de van Eyck (Gazette des Beaux-Arts, 1903,
t. bp- 5). .
 
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