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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 31.1904

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Nr. 3
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Tourneux, Maurice: Edmond Bonnaffé
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https://doi.org/10.11588/diglit.24813#0282

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EDMOND BONN A F FÉ

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ces deux mots, car leur rapprochement suffirait à caractériser la
marque distinctive de la personnalité d’Edmond Bonnaffé. Il fut en
effet un curieux, parce qu’il fut avant tout un lettré, et les huma-
nités, qui apparaissent trop souvent à l’adolescent comme une tâche
nécessaire, mais fastidieuse, lui procurèrent, au contraire, ses pre-
mières jouissances intellectuelles. Sans pédantisme aucun, il relisait
pour son propre plaisir les grands prosateurs et les grands poètes
latins. L’étude des harangues de Cicéron contre Verrès fut, à
n’en pas douter, l’origine des Collectionneurs de l'ancienne Rome
(1867, in-8°), de même que son commerce prolongé avec nos vieux
écrivains lui inspira la pensée maîtresse de ses Collectionneurs de
l'ancienne France (1873, in-8°). Un sentiment de justice avait en
plus, cette fois, guidé sa plume. Frappé de l’oubli qui enveloppait
les noms de ceux grâce auxquels la France était, au lendemain
même de nos plus récents désastres, en possession de tant de
richesses, il y rappelait ce que le Cabinet des médailles devait à
Pierre de Bagarris. le Louvre à Evrard Jabach, le Cabinet des es-
tampes à Roger de Gaignières; mais à côté de ces collections enlrées
au complet, ou peu s’en faut, dans des dépôts publics, il n’avait pas
omis celles qui, depuis longtemps dispersées, sont cependant encore
représentées par d’admirables spécimens. Sa piété envers ses grands
ancêtres ne s’en est pas ternie là : il a réimprimé, avec commentaires,
le catalogue de la galerie de Louis-Henri de Loménie, comte de
Brienne (1873, in-12) ; annoté l’Inventaire des meubles de Catherine
de Médicis en 1589 (1874, in-8°) et celui de Charlotte d'Albret, du-
chesse de Valentinois (1878, in-8°) ; reconstitué l’ensemble des col-
lections du cardinal de Richelieu et de ses descendants (1883, in-8°) ;
décrit les splendeurs éphémères du château de Vaux (Le Surinten-
dant Fouquet, 1882. in-i°), et patiemment colligé les notules qui
ont formé le Dictionnaire des amateurs français au xvri° siècle
(1884, in-8°).

Si précieux qu’ils soient, des inventaires et des catalogues ne sont
en réalité que des procès-verbaux de décès, et l’imagination a sa
part dans l’effort que nous devons faire pour nous représenter à la
place qu’ils occupaient les objets qu’ils décrivent. Puis l’art de nos
pères n’était pas tout entier dans quelques demeures privilégiées ; il
régnait en fait un peu partout, non pas comme un accessoire, mais
comme partie intégrante du domicile. « On ne connaît bien un
peuple, a dit Bonnaffé, qu’en l’étudiant chez lui, dans sa maison
et dans son mobilier... La maison est le vêtement extérieur et col-
 
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