DOI issue:
Nr. 6
DOI article:Morand, Eugène: Les salons de 1905, 2
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24815#0541
LES SALONS DE 1905
491
parable. C’est, fixée en quelques traits, une heure héroïque de la vie
d’un peuple.
M. Devambez est aussi le peintre de la vie des foules; seulement,
cette vie, et c’est son droit, il ne la voit pas héroïque, et si son
Amphithéâtre au Concert Colonne présente de belles figures éprises
d’idéal, cette vie des foules, c’est particulièrement sous son angle
comique qu’il se plaît à la regarder; à la faculté d’observation
qu’il possède, M. Devambez ajoute une verve d’exécution que
LE DINER DÉ LA PETITE COMMUNIANTE, PAR M. DEVAMBEZ
(Société des Artistes français.)
nous constatons avec joie ici dans Le Dîner de la petite commu-
niante, fin de journée pieuse d’une enfant de concierge, sans doute,
que guette déjà le Conservatoire. Intérieur simple; lampe à pé-
trole dont les mouches incongrues hantent sûrement le cuivre ;
sur la table, oranges et pommes, gâteaux et petits fours; du gros
vin et aussi des dûtes de champagne frelaté, premier champagne que
ne feront jamais oublier à l’innocente d’aujourd’hui les grandes
marques de plus tard. Sur la droite, respectable en chapeau noir,
une vieille parente; de l’autre côté hurle un corsage bleu; et tout
autour de la labié, solidement peint en pâte épaisse et en touches
joyeuses par ce Jordaens de nos prolétaires, le rouge apoplectique
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parable. C’est, fixée en quelques traits, une heure héroïque de la vie
d’un peuple.
M. Devambez est aussi le peintre de la vie des foules; seulement,
cette vie, et c’est son droit, il ne la voit pas héroïque, et si son
Amphithéâtre au Concert Colonne présente de belles figures éprises
d’idéal, cette vie des foules, c’est particulièrement sous son angle
comique qu’il se plaît à la regarder; à la faculté d’observation
qu’il possède, M. Devambez ajoute une verve d’exécution que
LE DINER DÉ LA PETITE COMMUNIANTE, PAR M. DEVAMBEZ
(Société des Artistes français.)
nous constatons avec joie ici dans Le Dîner de la petite commu-
niante, fin de journée pieuse d’une enfant de concierge, sans doute,
que guette déjà le Conservatoire. Intérieur simple; lampe à pé-
trole dont les mouches incongrues hantent sûrement le cuivre ;
sur la table, oranges et pommes, gâteaux et petits fours; du gros
vin et aussi des dûtes de champagne frelaté, premier champagne que
ne feront jamais oublier à l’innocente d’aujourd’hui les grandes
marques de plus tard. Sur la droite, respectable en chapeau noir,
une vieille parente; de l’autre côté hurle un corsage bleu; et tout
autour de la labié, solidement peint en pâte épaisse et en touches
joyeuses par ce Jordaens de nos prolétaires, le rouge apoplectique