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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 6.1911

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Chantavoine, Jean: M. Charles Cottet: artistes contemporains
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

sions non moins heureuses sur d’autres terrains. Seule, une expo-
sition simultanée et quasi totale de ses œuvres permet d’observer
avec une clarté suffisante l’unité d’inspiration qu’un talent aussi
décisif que celui de M. Cottet peut garder clans la multiplicité des
scènes ou des objets à quoi il s’applique comme dans la variété des
aspects qu’il leur donne.

Beaucoup de gens tiennent M. Charles Cottet pour un Breton :
ils en attestent à l’ordinaire son visage de mathurin, son teint
coloré, sa barbe ardente et, pour se hausser jusqu’à la psychologie
artistique, la vigueur avec laquelle il a peint si souvent le pays,
les êtres et les choses de Bretagne. Or M. Charles Cottet est né par
hasard au Puy, en Auvergne 1, mais il tire son origine de la Savoie
et il a passé son enfance sur la rive française du Léman, à Evian-
les-Bains. Mais les philosophes éclectiques veulent qu’il y ait dans
toute erreur une part de vérité, dans toute légende un peu d’his-
toire 2. Si la Bretagne n’est ni le pays d’origine, ni le lieu de nais-
sance de M. Cottet, elle est devenue pour lui un pays d'adoption
réciproque ; elle a inspiré une grande partie de son œuvre et celle-là
même qui l’a imposé d’abord à la critique comme au public.

La Bretagne, cependant, si elle n’a eu ni les premiers regards
ni les premiers pas de M. Charles Cottet, ne peut davantage reven-
diquer les prémices de son talent : l’exposition récente de la
galerie Petit nous l’a rappelé. Les premiers essais de M. Cottet, ou
au moins les toiles les plus anciennes de cette exposition, montrent
une nature vigoureuse dans un âge indécis, à une époque d’inquié-
tude et d’incertitude artistique (comme sont, en somme, presque
toutes les époques). Soit par Liniluence positive de maîtres admirés,
soit par simple affinité de contemporains, des tendances diverses
et même contraires sollicitent le jeune peintre. L’impressionnisme
et le naturalisme se proposent à lui, — surtout le naturalisme. Il
fait le pèlerinage de Vétheuil; mais s’il flâne sur les berges de la
Seine, chères aux impressionnistes, il y voit, comme ferait quelque
J.-K. Huysmans de la peinture, la balafre bête d’une grue ou les
énormes caisses des bains flottants qui narguent la douce atmo-
sphère chantée par Stanislas Lépine. 11 ne manque pas de pousser la

1. En 1863.

2. Peut-être est-ce pour protester tacitement et spirituellement contre cette
erreur que M. Cottet, dans Je catalogue de son Exposition, reléguait à la fin,
après les nus, les portraits, les natures mortes, les études d’Espagne, de
Venise, etc., juste avant les eaux-fortes et estampes en couleurs, ses travaux de
Bretagne.
 
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