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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 6.1911

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Nr. 2
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Clément-Janin: La gravure et les nouveaux modes de reproduction
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https://doi.org/10.11588/diglit.24876#0151

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LA GRAVURE ET LES MODES DE REPRODUCTION 137

devra choisir dans l’œuvre à interpréter, comme l’artiste a choisi
dans la nature ; il ne devra plus chercher à tout rendre, mais à rendre
intensément ce qui est essentiel. 11 devra, en un mot, redessiner
l’œuvre et non plus la photographier, faire ce que fit Jeghers avec
Rubens ou Boldrini avec Titien, et revenir ainsi aux conditions pri-
mitives de son art, avant que l’invention de la chambre noire ne l’en
eût écarté. La gravure vaudra par le graveur ; la personnalité de
l’interprète égalera celle de l’interprété.

Le départ sera net. La gravure de reproduction, qui a un si
beau passé et que l’on ne verrait pas disparaître sans un très grand
regret, — mais je suis sans inquiétude : toujours il y aura des
artistes épris de gravure et trouvant dans les chefs-d’œuvre d’admi-
rables sujets d’émulation, — aura son domaine dans l'interpréta-
tion artistique, c’est-à-dire dans le choix et dans l’intelligence, et le
procédé photographique aura le sien dans la reproduction totale et
documentaire1.

Mais là, que de merveilles et combien âpre sera la lutte ! Car,
pour beaucoup de gens et pour la plupart des graveurs de notre
époque, la fidélité textuelle est la condition même d’une bonne
gravure. Or, on sait jusqu’à quel point la perfection du procédé est
parvenue. On a vu naguère des dessins de Degas exposés chez Manzi
à côté de leurs reproductions, l’album des dessins de Rodin édité
par Fenaille, les aquarelles de Dinet reproduites en fac-similé, des
dessins aquarellés de Jeanniot dans les Graphischen Künste de
Vienne, etc., et c’était à ne pas distinguer, les pièces mises côte à
côte, l’original de sa copie.

Toutefois, jusqu’en ces dernières années, cette excellence n’était
point l’apanage de notre pays. Nous devions avoir recours, pour
l’obtenir, soit à l’Autriche, soit à l’Allemagne. Lorsque l’Imprimerie
Nationale, sous la direction, un peu indépendante mais très ouverte
aux choses d’art, d’Arthur Christian, publia les trois premiers
volumes de VHistoire de l'Imprimerie en France, de Claudin (quand
paraîtront les deux derniers?), ce beau monument, nous l’avons ici
même constaté2, fut déparé par l’insuffisance des reproductions en
couleurs. L’Imprimerie Nationale ne possédait point d’autre procédé

1. Je pense encore que, dans la plupart des cas où it faudra reproduire une
pièce dans ses dimensions originales, l’appareil prévaudra sur la main, mais que,
pour les réductions ou les agrandissements, ce sera la main qui l’emportera sur
le procédé.

2. V. Gazette des Beaux-Arts, 1901, t. II, p. 239; 1903, t. I, p. 430; 1903, t. II,
p. 434.

VI.

4° PÉRIODE.

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