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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 6.1911

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Nr. 3
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Jamot, Paul: "L' Inspiration du Poète" par Nicolas Poussin
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https://doi.org/10.11588/diglit.24876#0197

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

assignée aux facultés intellectuelles sur les inclinations de la sensi-
bilité. A M. cle Chantelou qui, ayant vu chez le banquier Pointel
un Moïse sauvé dont la suavité l’avait séduit, semblait déçu de ne
pas retrouver la même manière dans le tableau que le peintre venait
de lui envoyer, Poussin essayait de faire comprendre que, si les
manières étaient différentes, c’est que la différence des sujets le
voulait ainsi. « Je ne suis point de ceux », ajoutait-il, « qui, en
chantant, prennent toujours le même ton, et je sais varier le mien
quand je veux ‘. »

Si l’on ne savait par ailleurs qu’ils datent de la même époque,
et peut-être de la même année 1630, qui songerait à rapprocher
deux des meilleurs Poussin du Louvre, la Peste des Philistins et le
Triomphe de Flore? Qui penserait que le même esprit, le même
cœur et la même main ont conçu, imaginé, peint presque au même
moment le cadavre de la femme renversée à terre entre ses deux
enfants sur la place publique d’Asdod, et le corps souple de la
nymphe qui s’agenouille, le buste penché hors de sa tunique rouge,
pour cueillir une fleur de la prairie où s’avance sur son char la
reine du Printemps? En revanche, s'il n’était pas certain que le
beau tableau A'Apollon et Daphné est la dernière œuvre inachevée
d’un vieillard, on ne croirait guère que plus de trente ans le sépa-
rent des Bacchanales et de ce même Triomphe de Flore.

Cependant, si bien défendu qu’ilsoit, Poussin lui-même n’échappe
pas entièrement aux lois qui régissent la vie de tous les hommes.
Sans vouloir établir dans le détail une classification impossible, on
a le droit de répartir ses œuvres en deux groupes : les unes doivent
être rapportées à son premier séjour romain, de 1621 ou plutôt de
1626 à 1610 ; les autres furent peintes après son voyage à Paris et
son retour définitif à Rome. Pour ne citer que des compositions du
genre allégorique qui est celui du tableau récemment acquis, à la
première série appartiennent les Bacchanales du Louvre et de la
National Gallery, le Ballo délia Vita umcina de la colleclion
Wallace, le Triomphe de Flore qui est à Paris et Y Empire de Flore
qui est à Dresde, le Triomphe de Galatée de Saint-Pétersbourg, le
Parnasse de Madrid. J

h'Inspiration du Poète trouve ici naturellement sa place, vers la
fin de la période que ce groupe remplit. Il serait téméraire de
préciser davantage. 1

1. A M. de Chantelou, lettre du 24 mars 1647.
 
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