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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 6.1911

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Nr. 3
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Petrucci, Raphael: L' art bouddhique en Extrême-Orient d'après les découvertes récentes
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https://doi.org/10.11588/diglit.24876#0228

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L’ART BOUDDHIQUE EN EXTRÊME-ORIENT

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dérera-I-on après cela comme aventurée cette conclusion par
laquelle nous affirmons que le grand élément transformateur de
l’art bouddhique des hautes périodes fut précisément l’art
chinois?

Ceci n’est pas pour diminuer l’apport du Gandhàra ni les
influences occidentales. Mais, à ne vouloir tenir compte que de ces
dernières, on risquerait de s’engager dans une voie sans issue.
L’art gandhârien n’est pas de ces formules esthétiques qui ont puisé
en elles-mêmes tous les caractères de leur transformation. Si cette
transformation s’est faite dans l’Asie orientale, c’est que l’Asie
orientale possédait d’autres éléments qui sont venus la provoquer.
Pour l’Extrême-Orient, l’influence indo-grecque n’était pas un point
de départ; c’était la vague océane qui, remontant bien loin sur la
grève, vient mourir à l’extrême limite des eaux.

Dès lors, l’art que la Chine septentrionale et la Corée trans-
mettent au Japon avec la Doctrine Indienne apporte avec lui les
influences subies, les emprunts et les transformations acquises
durant son long voyage. Il semble qu’une école plus chinoise
y coexiste avec une autre, plus indienne. Les deux tendances, en
tout cas, s’affirment dès itère Suiko, et elles subsisteront côte à côte
jusqu’au xe siècle, au moment où la peinture bouddhique subit sa
première transformation dans l’empire insulaire, on a vu sous
quelle impulsion. Mais, de ce fait que le Bouddhisme fut le grand
initiateur de la civilisation japonaise, il ne faut pas conclure pré-
cipitamment au manque d’originalité de sou art. Si l’on compare les
œuvres japonaises ou chinoises du vie au xe siècle à celles du Tur-
kestan et du Gandhàra, on se rendra compte que la vitalité et la
puissance sont du côté de l’Extrême-Asie. Au Japon, le Bouddhisme
trouvait un peuple jeune, nouveau venu dans une civilisation qui
l’émerveillait. Au service de la Doctrine Indienne, il voua toute sa
fougue, son ardeur juvénile, son sens du mystère et de la beauté. La
Chine, de son côté, mettait à sa disposition une puissance intellec-
tuelle d’autant plus grande qu’elle était fondée sur une éducation
philosophique profonde et sur une puissante conception d'art. 11 faut
être juste devant un tel effort. S’il fut constitué dans sa première
forme plastique par les apports venus de l’Occident, c’est dans l’Asie
orientale que l’art bouddhique a pris ce caractère impressionnant
et plein de magnificence qui a fait sa grandeur.

H. p ET H u CCI
 
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