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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 6.1911

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Nr. 4
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Reymond, Marcel: Une "Madone" du Bernin à Paris
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https://doi.org/10.11588/diglit.24876#0330

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

clone et à justifier la claie que nous proposons de lui attribuer.

C’est par la date des œuvres que l'on distingue les grands créa-
teurs de ceux qui ne font que les suivre et les imiter. Pour se rendre
un véritable compte de l'exceptionnelle valeur de la Madone du
liera lin, il faut se rappeler quel était l’état de la sculpture en France
dans la décade de 1640. Sur tout ce qui se faisait alors la Madone du
Bernin semble en avance de plus d’un siècle. Lorsqu’un éditeur
attribue cette Madone à un maître du xviu° siècle tel que Bou-
chardon, et que personne ne proteste, cela ne prouve-t-il pas qu’il y
a là une erreur possible à commettre, une erreur que certes per-
sonne ne commettrait s’il s’agissait d’une œuvre française de la
première moitié du xvne siècle?

Cette Madone que le Bernin avait faite vers 1645, et qu’il faut
ajouter à la Vérité et à la Sainte Thérèse, les deux seules œuvres
qu’il exécuta de 1644 à 1647, pendant les années de sa disgrâce, il
allait la retrouver à Paris vingt ans plus tard, et nous avons la bonne
fortune de voir M. de Chantelou, dans le Journal du voyage du cava-
lier Bernin, nous parler à diverses reprises des visites du Bernin
aux Carmes et dire sur cette Madone des choses très intéressantes.

Le Bernin ne se loua pas de la façon dont sa Madone était
exposée : « Il dit aux Pères qu’en France l’on ne se souciait guère
des belles choses ; que quand on avait un tableau comme aux Carmé-
lites1 on le cachait; que sa Madone perdait de sa belle vue par la
clôture de la chapelle où elle était et du drap mortuaire qui était
devant, que ces draps devaient être mis dans les frises, et même
par plusieurs rangs, mais que l’on n’avait pas cette intelligence. »

(.Journal du 26 juillet.)

Une dernière note du Journal est encore à relever. Le Bernin
proteste contre la manière dont sa statue est tournée, et l’on
comprend que l’on ait pu se tromper en la plaçant, car la Vierge ne
pose pas sur un piédestal carré, ce qui eût empêché toute hési-
tation; mais, semblable en cela à la Sainte Thérèse, elle repose sur
des nuages. « Le 11 août, dans une de ses visites aux Carmes, il
dit qu’il marquerait au premier jour avec du crayon comme il la
faudrait mettre, et que cela se pourrait faire sans qu’il y fût. »

De leur côté, les Carmes ne goûtaient guère T’œuvre du Bernin,
qui contrastait avec toutes les statues qu’on voyait dans les églises
françaises, et, des observations qu’ils firent au Bernin, noos pou-

1. II s’agit de VAnnonciation du Guide, aujourd’hui au musée du Louvre.
 
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