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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 6.1911

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Nr. 6
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Algoud, Henri: Un maitre du décor de la soie: Philippe de Lasalle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24876#0494

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466

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Versailles, fort heureusement retrouvée au Mobilier National et
exposée en 1909 au Pavillon de Marsan avec les étoffes napoléo-
niennes. Bony a moins de force que Ph. de Lasalle, par suite, sans
doute, de son habitude de composer en vue de la broderie délicate et
un peu mièvre des robes et des gilets; mais son dessin est également
impeccable, et s’est plié habilement aux formules gréco-romaines
de l’Empire pour nombre de soieries façonnées dont il est l'auteur.

Longtemps après la disparition du grand Philippe, et de nos
jours encore, son influence a persisté et s’est imposée. De lui, les
décorateurs de l’étoffe de soie en divers genres ont certainement beau-
coup appris, surtout l’exécution de la fleur naturelle, vivante, sans
stylisation inutile ou déplacée. Ses œuvres ont été reproduites telles
quelles à de fort nombreuses reprises; elles forment, au Musée his-
torique des tissus de Lyon, comme un précieux ensemble de modèles
auxquels se reportent à chaque instant dessinateurs et fabricants;
tant il est vrai que l’inspiration des artistes, surtout en matière d’art
appliqué, et fût-elle servie par l’imagination la plus spontanée et la
plus féconde en trouvailles, ne peut véritablement se passer, pour son
expression, des enseignements puisés dans l’étude des devanciers;
avant de créer et pour créer, il faut savoir observer et apprendre.

A cet égard, la vie et l’œuvre de Ph. de Lasalle sont d’un exemple
bien digne de remarque et de mémoire. Au maître incontesté du décor
de la soie, à celui que l’on a pu nommer à juste titre « le Raphaël du
dessin de soieries », un comité de dessinateurs et de fabricants lyon-
nais veut aujourd’hui rendre un hommage qu’il estime déjà trop
tardif : sur une place de Lyon, et peut-être sur cette colline de la
Croix-Rousse où l’on ne trouve plus guère de ces métiers qui, jadis si
nombreux, faisaient constamment retentir sous la main des canuts
diligents le bruit de leur inlassable travail, un monument rappellera
les traits du grand dessinateur que seuls nous ont gardés jusqu’ici
une estampe de J.-J. de Boissieu et un portrait tissé, œuvre de Rey-
baud en 1854. En attendant, et si rien ne vient faire obstacle à cette
initiative, une exposition, organisée dès le printemps de 1912 avec
l’aide de l’Union centrale des Arts décoratifs, doit réunir au Pavillon
de Marsan le plus possible des productions de Philippe de Lasalle.

Ces projets ne peuvent sans doute que rencontrer l’approbation
et les concours de tous ceux, artistes et connaisseurs, qui aiment
l’étoffe de soie et apprécient la haute valeur artistique et décorative
qu’elle possède si pleinement.

HENRI A L G O UD
 
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