Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 6.1911

DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:
Marcel, Henry: James Gillray: la caricature en Angleterre
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24876#0496

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
468

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

gamina dans les rues, fréquenta chez un graveur, suivit une troupe
de comédiens errants. Au retour seulement de cette équipée, il fit
ses études artistiques à l’Académie royale. 11 avait, à douze ans,
publié son premier dessin satirique; à partir de 1777, ses caricatures
commencèrent à figurer aux devantures des marchands d’estampes,
et, dés 1782, sa production prenait une régularité qui ne se ralentit
qu’aux abords de 1811. Durant ces trente années, elle se traduisit
par plus de douze cents pièces, aujourd’hui en très grand nombre
introuvables, mais dont l’album, en deux volumes in-folio, publié
par Henri Bohne, à Londres, bien que l’absence du coloris y res-
treigne beaucoup l’effet et l’agrément de la composition, permet
heureusement l’étude méthodique.

La vie même de l’artiste manque de péripéties attachantes; ce
n’était pas un caractère : de mœurs faciles, il s’attacha à Miss Hum-
phrey qui éditait ses ouvrages, et le ménage de fait dura jusqu’à
la mort de l’artiste. M. Augustin Filon, dans sou livre intéressant
sur La caricature en Angleterre, rapporte que l’envie leur prit un
jour de régulariser cette liaison, qu’ils s’acheminèrent, à cet effet,
vers la paroisse de Saint-James, mais que soudain l’artiste s’arrêta
et, interpellant sa future femme : « Miss Humphrey », dit-il, «nous
étions si tranquilles comme cela! Nous allons faire une sottise. Si
nous revenions? — Gomme vous voudrez ! M. Gillray », fit-elle. Et
de rentrer tous deux, pour prendre le thé habituel. Il était très intem-
pérant; l’ale et le gin se partageaient ses tendresses, ce qui assombrit
fort la fin de sa vie; il mourut le 1er juin 1815, du delirium tremens.
Son portrait nous montre une longue figure assez fine, avec quelque
mélancolie dans les yeux. Le remuement quotidien de la fange
humaine y est peut-être pour autant que le souvenir d’une enfance
malheureuse. Pourtant, il ne paraît pas y avoir eu du misanthrope
chez Gillray; l’endurcissement professionnel l’aura, sans doute, assez
vite cuirassé. La suite de son œuvre montre chez lui une versati-
lité politique extrême, motivée peut-être par la libéralité alterna-
tive des partis au pouvoir. S’il a fait des chefs libéraux, de Fox
principalement, de véritables têtes de Turcs, s’il consacra à Pitf,
après sa mort, une apothéose véritablement lyrique, il n’en raille pas
moins inlassablement la fiscalité du grand ministre tory et les mille
moyens savants de pressurage par lesquels il s’ingéniait à alimenter
sans fin la glorieuse, mais ruineuse politique de guerre contre la
France, à laquelle son nom est resté attaché. La satire, toujours et
quand même, est, au surplus, la pire école de scepticisme politique,
 
Annotationen