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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
à Pli. Koninck. Il représente Le prophète Élie et la veuve de Sarepta. On y
remarque une certaine élégance allongée, la verticalité rectiligne des traits,
dont les uns très fins s’opposent à la lourdeur des autres, un bel aspect déco-
ratif, mais il y manque celte vérité d’expression par le geste si caractéristique
chez Rembrandt. Il est à rapprocher du dessin conservé à Dresde, représen-
tant Le Christ guérissant un malade et signé au revers « P. Koninclc», de deux
autres dessins, également à Dresde, représentant La Femme adultère, et sur-
tout du Christ avec la femme adultère provenant de la collection von
Bcckeralh et appartenant aujourd’hui au Cabinet des estampes de Berlin1.
— Le Christ et ses disciples, provenant des collections Samuel de Festetits,
Firmin-Didot et Louis Galicbon, et qui fut exposé sous le nom de Rem-
brandt à l’exposition de l'Ecole des Beaux-Arts en 1879 (n° 363), ne nous
semble pas de la main du maître ; les traits en sont excessivement appuyés
et inexpressifs ; son aspect général a quelque chose de « chinois » qui, je le
sais bien, frappe l’observateur dans l’eau-forte de Rembrandt Abraham rece-
vant les trois anges (B. 29), mais qui frappe encore bien davantage dans
l’estampe de son élève Hcndrick Ileerscliop : Y Ermite sous un arbre2. — Le
dessin de femme âgée, assise de face, les mains jointes dans l’attitude de la
prière (fig. 4), exécuté à la plume, lavé de bistre, et légèrement rehaussé de
sanguine, nous semble devoir être rendu à N. Maes dans les années i65o-
i653, pendant lesquelles il fut l’élève de Rembrandt. C'est I époque où
Rembrandt peignait lui-même cette série de portraits de vieilles femmes
qu’a reproduites M. W. Bode au tome V de son Œuvre complet de Rem-
brandt'1 (n"s 3g 1 à 3g6). — La petite Marine charmante, mais minutieuse et
sans accent, reproduite en tête de cet article, ne nous semble pas
davantage du maître. Elle est intéressante à comparer au paysage de la col-
lection du duc de Devonshire reproduit par Lippmann' (I, 2" série, pi. 56).
*
* *
Après celle de l’authenticité, la question qu’il nous faut aborder est celle
de la chronologie. D’une façon générale les débuts de Rembrandt semblent
[. Cf. Valentiner, Remarques sur quelques tableaux de Rembrandt (dans L'Art flamand
et hollandais, (907, I, 22b).
2. D. Rowinski, L’OEiwre gravé des élèves de Rembrandt ; Saint-Pétersbourg i8g4,
av. atlas in—loi ; cf. atlas, n° 412.
i. \V . Bode et C. Iiofstede de Groot, L’OEuvre complet de Rembrandt (traduit par Auguste
Marguillier); Paris, Ch. Sedelmeyer, 1897-1916, 8 vol. in-fol.
4- 1 • Lippmann, Original drawings by Rembrandt reproduced in phototype-, Berlin,
Londres et Paris, 1888-1892, in-fol.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
à Pli. Koninck. Il représente Le prophète Élie et la veuve de Sarepta. On y
remarque une certaine élégance allongée, la verticalité rectiligne des traits,
dont les uns très fins s’opposent à la lourdeur des autres, un bel aspect déco-
ratif, mais il y manque celte vérité d’expression par le geste si caractéristique
chez Rembrandt. Il est à rapprocher du dessin conservé à Dresde, représen-
tant Le Christ guérissant un malade et signé au revers « P. Koninclc», de deux
autres dessins, également à Dresde, représentant La Femme adultère, et sur-
tout du Christ avec la femme adultère provenant de la collection von
Bcckeralh et appartenant aujourd’hui au Cabinet des estampes de Berlin1.
— Le Christ et ses disciples, provenant des collections Samuel de Festetits,
Firmin-Didot et Louis Galicbon, et qui fut exposé sous le nom de Rem-
brandt à l’exposition de l'Ecole des Beaux-Arts en 1879 (n° 363), ne nous
semble pas de la main du maître ; les traits en sont excessivement appuyés
et inexpressifs ; son aspect général a quelque chose de « chinois » qui, je le
sais bien, frappe l’observateur dans l’eau-forte de Rembrandt Abraham rece-
vant les trois anges (B. 29), mais qui frappe encore bien davantage dans
l’estampe de son élève Hcndrick Ileerscliop : Y Ermite sous un arbre2. — Le
dessin de femme âgée, assise de face, les mains jointes dans l’attitude de la
prière (fig. 4), exécuté à la plume, lavé de bistre, et légèrement rehaussé de
sanguine, nous semble devoir être rendu à N. Maes dans les années i65o-
i653, pendant lesquelles il fut l’élève de Rembrandt. C'est I époque où
Rembrandt peignait lui-même cette série de portraits de vieilles femmes
qu’a reproduites M. W. Bode au tome V de son Œuvre complet de Rem-
brandt'1 (n"s 3g 1 à 3g6). — La petite Marine charmante, mais minutieuse et
sans accent, reproduite en tête de cet article, ne nous semble pas
davantage du maître. Elle est intéressante à comparer au paysage de la col-
lection du duc de Devonshire reproduit par Lippmann' (I, 2" série, pi. 56).
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Après celle de l’authenticité, la question qu’il nous faut aborder est celle
de la chronologie. D’une façon générale les débuts de Rembrandt semblent
[. Cf. Valentiner, Remarques sur quelques tableaux de Rembrandt (dans L'Art flamand
et hollandais, (907, I, 22b).
2. D. Rowinski, L’OEiwre gravé des élèves de Rembrandt ; Saint-Pétersbourg i8g4,
av. atlas in—loi ; cf. atlas, n° 412.
i. \V . Bode et C. Iiofstede de Groot, L’OEuvre complet de Rembrandt (traduit par Auguste
Marguillier); Paris, Ch. Sedelmeyer, 1897-1916, 8 vol. in-fol.
4- 1 • Lippmann, Original drawings by Rembrandt reproduced in phototype-, Berlin,
Londres et Paris, 1888-1892, in-fol.