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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 1.1920

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Nr. 2
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Durrieu, Paul: Les van Eyck et le duc Jean de Berry
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https://doi.org/10.11588/diglit.24918#0115

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LES VAN EYCK ET LE DUC JEAN DE BERRY

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l’Ermitage; enfin, que le premier Français qui ait écrit quelque chose sur
ces peintures, Clément de Ris, clans cet article déjà mentionné qui fut publié
par la Gazette des Beaux-Arts en 1879, les qualifie de « diptyque» sans
faire la moindre allusion à la disparition d’un troisième morceau. Il est pos-
sible que, dans la suite des temps, on ait fait entrer les volets dans la compo-
sition d’un triptyque par un de ces arrangements après coup dont on a des
exemples et qui ont été jusqu’à faire grouper un portrait de donateur accom-
pagné de saint Antoine, peinture de l'époque des van Eyck, avec une Vierge
plus récente de deux siècles, de l'école de van Dyck1. Je croirais même
volontiers que le fait s’est effectivement produit, et dès une époque ancienne2,
^lais, à 1 origine, les volets de l’Ermitage ont dû constituer simplement un
double tableau ou, comme on disait dans la vieille langue française des inven-
taires du xivc siècle et du début du xve, ce uns tableaux en deux pièces », les
mots un et tableau étant mis au pluriel quand il s’agissait d’un ensemble
unique, mais composé de deux ou plusieurs pièces, tel qu’un diptyque ou
un polyptyque.

Quelles ont été les destinées du double tableau avant qu’il ait été recueilli
en Espagne au siècle dernier? Et surtout que peut-on savoir de sa plus
ancienne provenance ?

Je me suis efforcé de résoudre le problème en recherchant dans les docu-
ments du xve siècle des mentions qui pussent s’appliquer au double volet.
J ai exposé dans une communication faite à l’Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres, le 28 février 1919 et à laquelle je me permets de renvoyer
pour plus de détails3, comment j’avais fini par rencontrer la mention voulue
dans l'inventaire mortuaire du duc Jean de Berry, dressé après la mort de ce
prince en 1/1164, à propos d’une peinture que le duc n’a possédée que dans
les toutes dernières années de sa vie, car il n’en est pas encore question dans
un inventaire précédent arrêté en i4i3. Cette peinture est ainsi désignée:
« uns grans3 tableaux en deux pièces de painture, l’un de la Passion Nostre

i- Reproduction dans Kaemmerer, op. cil., p. 115, fig. 86.

2. C’est alors, probablement, qu’on aurait jugé bon d’introduire sur le revers des volets
deux figures en grisaille dont Passavant disait, au mois de janvier 1841, qu’on voyait
encore des traces.

3. Voir Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, année
1919’ à L date du 28 février. Cf. aussi un article sur Les Tableaux des collections du duc
Jean de Berry, que j’ai donné à la Bibliothèque de l'École des Charles, tome LXXIX,
p. 265-2QO.

4. Publié par Jules Guifirey, Inventaires de Jean, duc de Berry (Paris, 1894-1896, 2
vol. in-8), t. II, p. 285, n° 1266.

5. En tenant compte de l’épaisseur des cadres primitifs, qui, pris dans la masse du bois
des panneaux, faisaient, à l'origine, partie intégrante du double volet, la hauteur totale
de celui-ci arrivait à 70 centimètres sur 66 centimètres au moins de largeur. Pour nous,

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