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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 1.1920

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Michel, André: Alfred Roll (1846 - 1919)
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

guerre — celle de 1870, qui n’est plus aujourd’hui qu’un incident de notre
histoire mais qui bouleversa notre jeunesse. Il y fit son devoir comme offi-
cier de mobiles et trouva plus tard, dans ses impressions et souvenirs de
campagne, le motif de quelques-uns de ses tableaux : Un garde national (1870) ;
Fayardblessé (1872); « Halte-lci! » (1875), en attendant la grande composition
La Guerre (1886) du Musée du Luxembourg.

La guerre finie, il entra chez Gérôme, mais ne fit guère qu’y passer. 11
parlait sans aménité de cette courte et décevante initiation. C’est chez Bon-
nat qu'il fit vraiment son apprentissage de peintre. Le maître avait de bonne
heure remarqué et encouragé la vocation de l’élève qu’il appelait familière-
ment « le pur sang», et l’élève était resté reconnaissant de l’enseignement
positif et très libéral du « patron ».

Je ne saurais rien dire et n’ai retrouvé aucune trace du paysage crépuscu-
laire avec une Femme nue couchée qu’il exposait au Salon de 186g, pas plus
que du Garde national de 1870. Je n’ai qu’un souvenir très insuffisant du
Fuyard blessé qui est au musée de Saverne, ville natale du père de Roll. Les
Rochers à RoscojJ, de la même année (1872), que possédait Fourcaud étaient
encore pleins de souvenirs d’Harpignies. C’est la période des tâtonnements
avant l’orientation définitive. En 187/1, — en même temps qu’il s’adonnait
déjà à ces études de chevaux (Cheval à RoscojJ, Étalon percheron de l’école
d’Alfort) qui lui fournirent la matière de quelques-uns de ses plus beaux
morceaux comme les Chevaux ajjrontés du Salon de 1912 *, — il se laissait
tenter par un thème littéraire, comme, au temps de Delacroix, les poètes en
fournissaient généreusement aux peintres. Il choisit dans le Don Juan de Byron
la scène qui marque le début de l'épisode d’Haydée et de ses amours avec le
héros fatal qu’elle recueille évanoui sur le rivage (c où gronde la voix rauque des
vagues hautaines. » Le tableau, acquis par l'Etat, est aujourd’hui au musée
d’Avignon. On ne l’y découvre pas sans surprise. Ce Roll, vaguement roman-
tique et comme hésitant entre Bonnat et Delacroix, cherchant dans l’ajus-
tement assez artificiel de la figure d'IIaydée des ragoûts de couleur pas très
raffinés, mais trouvant dans la vieille négresse, le torse de don Juan et les
flots en furie l’occasion de morceaux fort bravement traités, est au premier
abord un peu déconcertant. Quel soldat ardent et convaincu il eût fait des
troupes romantiques s’il était né vingt-cinq ans plus tôt! Il m’arriva de le lui
dire et il en convenait en souriant. Mais il faut « être de son temps » et
l’heure n’était plus au lyrisme pittoresque et sentimental qui avait enchanté
les générations dont les derniers survivants disparaissaient alors.

Le classicisme, qui avait donné avec Baudry sa suprême floraison, parais-
sait à jamais compromis ; mal défendu, mal compris par ceux qui
auraient eu mission de le continuer en le renouvelant, il était relégué
 
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