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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 1.1920

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Nr. 5
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Bénédite, Georges Aaron: Le chef des prophètes Amen-em-hat-ânkh: statue de la XIIe dynastie au musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24918#0336

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LE CHEF DES PROPHÈTES A M E N- E M - H AT-Â N KII

3i7

En cette œuvre fine et grave où la note réaliste s’allie avec le caractère
d’un style soutenu nous pouvons saluer un des plus beaux morceaux de l’art
du Moyen Empire, c’est-à-dire d’un temps où l’Egypte doit être considérée
comme ayant battu son plein par le seul développement interne de ses forces
propres et de sa culture encore vierge de toute infiltration étrangère. Ce n’est
pas qu’elle fût pleinement fermée aux peuples du dehors. Bien au contraire.
L’épisode de la tribu bédouine des peintures de Beni-Hasan, une des notions
les plus vulgarisées depuis les Lettres écrites de l'Égypte et de Nubie et le
grand ouvrage à planches de Champollion, a fourni depuis bien des années
aux historiens des peuples de l’Orient le thème immanquable d’un dévelop-
pement sur les rapports pacifiques de 1 Egypte et de ses voisins. Le conte de
Sinouhé, le fonctionnaire égyptien fugitif devenu Bédouin — l’histoire de
Joseph retournée — s’y est ajouté, en attendant les découvertes d’objets égyp-
tiens du Moyen Empire sur le sol crétois et des vases égéens dans les tom-
bes égyptiennes. L’intercommunication des peuples orientaux remontant à
des temps beaucoup plus lointains est une des vérités scientifiques dont nous
sommes redevables à l’archéologie. L’expédition en Syrie d’un roi de la
Ve dynastie est, à cet égard, un des faits les plus typiques 1.

Mais l’Egypte d’alors n’est pas plus soumise aux influences étrangères que
l’Egypte des Eyyoubites ou celle des sultans mamloùks ne l'était à celle de
l’Europe malgré les Croisades et les échanges commerciaux dans le bassin de
la Méditerranée orientale. Là est la profonde différence entre le Moyen et le
Nouvel Empire. Ce sont deux âges nettement distincts d'une grande civilisa-
tion, et toutes les tentatives pour les confondre et n’en faire qu un par la sup-
pression de l’invasion des Pasteurs et par la soudure des Entef et des
Mentouhotep de la XL dynastie aux rois de la XVIIe (pour serrer plus
étroitement l’étau de la chronologie courte) laissent dans l’esprit attentif à
tous les faits le malaise d’une réelle inconviction. Il y a aussi loin d une
œuvre de la sculpture des Aménémès et des Sésostris à celle des Aménopbis
et des Thoutmôsis que d’un texte du Moyen Empire à un document du
même ordre de la grande époque thébaine. Ce sont là des choses bonnes à
répéter.

Les liens sont bien autrement apparents avec l’Ancien Empire dans toutes
les formes de 1 art libre et profane, statuaire et bas-relief, et dans les arts
mineurs, orfèvrerie, industrie des vases en pierre (généralement 1 albâtre) et

i. L. Borchardt, Dus Grabdenkmal des Kônigs Saliure (26. Wissenschaftliche Verôf-
fentlichung der Deiilschen Orient-Gesellschaft), Leipzig, 1 g 13. Antérieurement Iv. Setlie
avait retrouvé la mention des Fenkou sur un fragment provenant du temple Né-user-ré
(Zeitschrift für aegyptische Sprache, XLV, 1/10). L’identification des fenkou avec les Phé-
niciens est restée très controversée.
 
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