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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 1.1920

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Dorbec, Prosper: La sensibilité picturale chez Saint-Beuve: (à l'occasion du cinquentenaire de sa mort)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24918#0080

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LA SENSIBILITÉ PICTURALE CHEZ SAINTE-BEUVE

O7

plages septentrionales. C’était comme une nouvelle faculté de voir qu’elles
communiquaient à nos peintres. Sainte-Beuve y applaudit sans réserve : « 11
fallait qu avec Bonington », dit-il quelque part, « un rayon clair et lumineux,
une lumière égale, vînt baigner le ciel des marines et des paysages ».

Cette prédilection pour les tableaux anglais et pour la contrée dont ils
répandaient 1 image était telle, que beaucoup d’artistes français accomplissaient
le voyage d outre-Manche. Sainte-Beuve eut 1 occasion de l’accomplir aussi.
11 visitait Londres et Oxford durant l’automne de 1828. Il revit chez eux ces
paysagistes dont les œuvres
le confirmaient dans ses goûts
pour la nature à la fois élé-
gante, simple et familiale.

Pour comprendre les ten-
dances de la jeune école fran-
çaise, pouvait on mieux faire
que d’aller se placer de l’autre
côté du détroit ? Sainte-
Beuve, par son voyage, s’était
donc trouvé comme porté
aux sources, ainsi qu’en
toutes choses c’était son pre-
mier soin 1.

En ces années qui précé-
dèrent immédiatement la ré-
volution de Juillet, la forme
nouvelle du paysage était dé-
fendue par deux catégories
de peintres. Dans les œuvres des uns, comme Paul Huet, c était, sous cette
influence de l’école britannique, de vastes poussées de nuages, d’un effet moins
habituel à notre région qu’au littoral brumeux d’outre-Manche. Mais les autres
s’attachaient davantage à saisir le véridique caractère de la contrée française.

i. A une dizaine d’années de la, il accomplira un autre voyage, en Italie, en terre clas-
sique, justement à une époque où la doctrine classique en littérature prend déplus en plus
d empire sur ses idées. Toute son admiration se tourne dès lors vers Raphaël comme elle
l’a lait vers Racine, et le peintre des Stances, par certains côtés, s’assimile à ses yeux au poète
d'Eslher et à’Aihalie: « On l'ait à Raphaël», écrit-il, «un reproche qui rappelle certaines
critiques adressées de nos jours à Racine pour avoir dans Esther et Athalie adouci un peu
trop et diminué, les types par un ton général d’harmonie, un esprit d’humanité et de
christianisme qui brille sur l’ensemble, leur a fait sacrifier peut-être, au poète comme
au peintre, certains traits crus et saillants. Raphaël a pour lui et pour règle secrète un
caraclèrc suprême d’unité et d’adorable fusion. »

MÉDAILLON DE LOUIS BOULANGER
PAR DAVID D’ANGE K S
(Musée du Louvre.)
 
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