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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 9.1924

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Michel, Édouard: Albert Baertsoen (1866 - 1922)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24943#0029

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

toujours construite comme si les moindres éléments avaient été indiqués ; les
dessins sont probants à cet égard. Nous voyons qu’après le premier croquis
d’ensemble le peintre reprend un à un les objets qui vont figurer dans la
composition et les étudie dans toutes leur parties. Pour cette toile du Dégel
toute d’impression, et si largement traitée, nous avons les dessins exacts et
appliqués, projets d’assemblages des barres de fer et des pylônes formant le
parapet du quai; de même pour les bateaux les moindres gréements sont
reproduits et tout cela cependant disparaîtra dans la toile achevée ; pour les
grues et les pilotis qui figurent dans la série de ses toiles anglaises il s’était
fait documenter par un ingénieur sur le mécanisme et le mode de cons-
truction. Nous retrouvons ici chez Baertsoen les qualités foncières des
anciens métiers gantois, le désir de connaître le comment et le pourquoi, la
passion de l’ouvrage bien fait, solidement établi.

Mais de tous les dons de Baertsoen le plus grand de tous fut sans conteste
cette sensibilité merveilleuse de l’œil qui lui fait saisir dans sa force et dans
sa subtilité, poursuivre jusque dans ses dernières manifestations ce jeu splen-
dide et tragique à la fois de la lumière et de l’ombre. C’est le sens profond
des valeurs qui va répandre dans tout son œuvre la grandeur des ciels
immenses des Flandres, non pas de ces ciels éclatants de l’été, habillant pour
quelques mois d’un joyeux manteau cette terre hostile et froide, mais des ciels
d hiver à la lumière humide et parcimonieuse, éclairant les choses que le
temps use, que l’eau mine, qui lentement retournent au néant.

Sans doute l’on peut regretter que Baertson n’ait été le peintre que d’une
seule impression; mais cette impression il l’a si profondément rendue, cette
vision il l’a si largement traitée, qu’il a peint ainsi tout un pays et toute une
race. Elle suffit à sa gloire.

ÉDOUARD MICHEL
 
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