DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:Soulier, Gustave: Les caractères coufiques dans la peinture toscane
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.24943#0369
LES CARACTÈRES COUFIQUES
DANS LA PEINTURE TOSCANE
es historiens de l’art ont pris l'habitude de géné-
raliser et de réunir sous le nom de caractères
coufiques des inscriptions qui appartiennent en
vérité à deux formes différentes d’écriture : celle
qui est proprement appelée de ce nom, et qui
est employée surtout dans l’épigraphie monu-
mentale, et le naski, qui est l’écriture cursive
des manuscrits. On a en outre étendu l’appella-
tion aux imitations occidentales qui ne sont
souvent que des approximations, cherchant à
reproduire uniquement le caractère du dessin de ces lettres, et qui sont
dépourvues de toute signification. Pour plus de commodité, nous adopterons
à notre tour cette appellation dans son sens le plus général, car ce qui importe
pour notre étude, c’est uniquement cette imitation, dans un but décoratif,
des inscriptions orientales.
L’art musulman n’est d’ailleurs pas le seul qui se soit préoccupé de donner
à des inscriptions une allure de grimoire, ayant avant tout une valeur à’orne-
ment. On pourrait citer des exemples grecs, spécialement dans l’orfèvrerie;
mais même alors, comme il s’agit surtout d'ouvrages byzantins de la seconde
époque, il est aisé de soupçonner des influences venant d’un Orient plus
avancé. Une pareille détermination paraît évidente à la base des mosaïques
de la coupole dans la Chapelle Palatine de Palerme, où les abréviations et
contractions dénaturent assez les signes de l’écriture pour en faire ressortir
d’abord le caractère décoratif d'arabesque. Le mot s’est imposé, et ici le voi-
sinage des artistes arabes, travaillant côte à côte dans la Chapelle avec les
artistes byzantins, ne laisse guère de doute sur les échanges qui se sont pro-
DANS LA PEINTURE TOSCANE
es historiens de l’art ont pris l'habitude de géné-
raliser et de réunir sous le nom de caractères
coufiques des inscriptions qui appartiennent en
vérité à deux formes différentes d’écriture : celle
qui est proprement appelée de ce nom, et qui
est employée surtout dans l’épigraphie monu-
mentale, et le naski, qui est l’écriture cursive
des manuscrits. On a en outre étendu l’appella-
tion aux imitations occidentales qui ne sont
souvent que des approximations, cherchant à
reproduire uniquement le caractère du dessin de ces lettres, et qui sont
dépourvues de toute signification. Pour plus de commodité, nous adopterons
à notre tour cette appellation dans son sens le plus général, car ce qui importe
pour notre étude, c’est uniquement cette imitation, dans un but décoratif,
des inscriptions orientales.
L’art musulman n’est d’ailleurs pas le seul qui se soit préoccupé de donner
à des inscriptions une allure de grimoire, ayant avant tout une valeur à’orne-
ment. On pourrait citer des exemples grecs, spécialement dans l’orfèvrerie;
mais même alors, comme il s’agit surtout d'ouvrages byzantins de la seconde
époque, il est aisé de soupçonner des influences venant d’un Orient plus
avancé. Une pareille détermination paraît évidente à la base des mosaïques
de la coupole dans la Chapelle Palatine de Palerme, où les abréviations et
contractions dénaturent assez les signes de l’écriture pour en faire ressortir
d’abord le caractère décoratif d'arabesque. Le mot s’est imposé, et ici le voi-
sinage des artistes arabes, travaillant côte à côte dans la Chapelle avec les
artistes byzantins, ne laisse guère de doute sur les échanges qui se sont pro-