Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (5. Pér. 9.1924)

QUATRE VÉRONE SE RETROUVÉS EN ANGLETERRE

armi les églises de la petite île de Murano,
celle de S. Giacomo fut la plus riche en
œuvres de Véronèse, œuvres qui furent
commandées probablement à l’artiste par
quelques-uns des nobles Vénitiens possédant
des palais à Murano, soit Camille Trevisani,
soit Pietro Giustiniani. Ridolfi ', écrivant en
164G, mentionne à S. Giacomo les œuvres
suivantes de Paolo : les volets de l’orgue, où
figuraient, à l’extérieur, le Mariage de sainte
Catherine, à l’intérieur, les saints Jacques et
Augustin ; le grand tableau du maître-autel,
la Femme de Zébédée demandant à Jésus-Christ la première place pour ses fils ;
et deux tableaux d’autel, la magnifique Visitation, que grava Valentin
Le Febre en 1680, et une Résurrection (Il Redenlore resuscita del monu-
mento cinto da una sebiera d’angeli in festa)qui est probablement à identifier
avec le tableau de ce sujet que grava Visscher.

De cet ensemble qui faisait, en quelque sorte, de S. Giacomo une église
comparable à S. Sebastiano de Venise, Murano ne garde plus rien. Tous les
tableaux qu’énuméra Ridolfi, et après lui Boschini, étaient encore en place en
1760 puisque Charles Nicolas Cochin les cite dans son voyage en Italie1 2,
mais, dès 1771, ils n’y étaient plus puisque ils ne figurent pas dans l’ou-
vrage de Zanctli paru à cette date, et depuis lors, tous les critiques jusqu’au
plus récent, M. D. von Hadeln, qui se sont occupés de l’œuvre de Véronèse,
les ont considéré comme disparus.

1. Les « Maraviglie ». Édition Hadeln, Berlin, 1 g 14, parte I, p. 3.V).

2. III, p. 128. Publié en 1758.