LE RETABLE DE THOUZON
(VAUCLUSE)
[ sait, combien sont rares les tableaux de la pre-
mière école avignonnaise, de cette école ita-
lienne, de formation siennoise, qui, transplan-
tée aux rives du Rhône, décora de ses fresques
le grand Palais des Papes. Ce qui restait des
fresques, dégagé du badigeon et discrètement
restauré, a reparu dans les travaux récents qui
nous rendent enfin la splendeur architecturale
du vénérable monument si cruellement mutilé ;
mais que sont devenus tant de retables d’autel
exécutés par les memes peintres pour les chapelles du Palais, pour les
églises de la cité papale, pour les abbayes qui en dépendaient? Longtemps
oubliés, dépossédés, chassés de leur domaine au cours du xvue et du
xvme siècle par les toiles de celte dernière école avignonnaise que dirigèrent
Nicolas Mignard et les Parrocel, presque tous ont péri misérablement pen-
dant ou après la Révolution. Seuls ont subsisté quelques menus panneaux où
l'ami de Pétrarque, le délicieux Simone, chef incontesté de la peinture ita-
lienne depuis la mort de Giotto, a composé des images religieuses qui ont
l’aspect précieux d’émaux sur un fond d’or guilloché. Des élèves de Simone,
les fresquistes du Palais des Papes et de la Chartreuse de Villeneuve, nous
ne connaissons que les débris de leurs grands décors. Cependant ceux que
passionnait, il y a une vingtaine d’années, la question des rapports entre nos
Primitifs français et les peintres italiens, lisant l’étude abondante et sur
tant de points nouvelle consacrée par l’abbé Requin à l’école avignonnaise de
peinture, y avaient noté les reproductions photograjihiques d’un tableau
décrit dans les termes suivants:
« Sur le rocher de Thouzon, qui domine toute la plaine du Gomtat et
IX. — 5e PÉRIODE.
(VAUCLUSE)
[ sait, combien sont rares les tableaux de la pre-
mière école avignonnaise, de cette école ita-
lienne, de formation siennoise, qui, transplan-
tée aux rives du Rhône, décora de ses fresques
le grand Palais des Papes. Ce qui restait des
fresques, dégagé du badigeon et discrètement
restauré, a reparu dans les travaux récents qui
nous rendent enfin la splendeur architecturale
du vénérable monument si cruellement mutilé ;
mais que sont devenus tant de retables d’autel
exécutés par les memes peintres pour les chapelles du Palais, pour les
églises de la cité papale, pour les abbayes qui en dépendaient? Longtemps
oubliés, dépossédés, chassés de leur domaine au cours du xvue et du
xvme siècle par les toiles de celte dernière école avignonnaise que dirigèrent
Nicolas Mignard et les Parrocel, presque tous ont péri misérablement pen-
dant ou après la Révolution. Seuls ont subsisté quelques menus panneaux où
l'ami de Pétrarque, le délicieux Simone, chef incontesté de la peinture ita-
lienne depuis la mort de Giotto, a composé des images religieuses qui ont
l’aspect précieux d’émaux sur un fond d’or guilloché. Des élèves de Simone,
les fresquistes du Palais des Papes et de la Chartreuse de Villeneuve, nous
ne connaissons que les débris de leurs grands décors. Cependant ceux que
passionnait, il y a une vingtaine d’années, la question des rapports entre nos
Primitifs français et les peintres italiens, lisant l’étude abondante et sur
tant de points nouvelle consacrée par l’abbé Requin à l’école avignonnaise de
peinture, y avaient noté les reproductions photograjihiques d’un tableau
décrit dans les termes suivants:
« Sur le rocher de Thouzon, qui domine toute la plaine du Gomtat et
IX. — 5e PÉRIODE.