DEGAS PEINTRE D’ASSIETTES
l y a, dans le livre aussi instructif qu'amu-
sant consacré à Renoir par M. Ambroise
Vollard, un dialogue assez malicieux où, par
une série de prétérilions et de quiproquo
volontaires, le peintre du Moulin de la Galette
et du Déjeuner des Canotiers, nous laisse
connaître — ou deviner — son sentiment
sur les divers usages que lit Degas de ses
talents. Renoir écarte d’abord l’idée d’une
supériorité que d’aucuns voudraient, de nos
jours, attribuer à Lautrec et il exprime son
admiration pour les eaux-fortes de Degas.
V. — Et le Degas peintre ?
R. — .le viens de voir à une vitrine un dessin de Degas, un simple trait au fusain
dans un cadre d’or, à tuer tout!.. Je n’ai jamais imaginé un plus beau dessin de
peintre.
Y. — Je veux dire : quand Degas emploie la couleur ?
R. — Lorsqu’on voit ses pastels ? Quand on pense qu’avec une matière si désa-
gréable à manier, il a pu retrouver le ton des fresques ! Lorsqu’il a fait son extraordi-
naire exposition en i885 chez Durand-Ruel, j’étais justement en plein dans mes
recherches à rendre des fresques avec la peinture à l’huile. Vous pensez si j’étais
« épaté » de ce que je voyais là !
Y. — C’est justement du Degas peintre à l’huile que..
Mais Renoir : « Regardez donc, Vollard ! » Et comme ils passent place de
1 Opéra, Renoir parle du fameux groupe de Carpeaux ; il trouve que ces
bacchantes ne sont pas du tout à leur place sur la façade de l’Académie
nationale et voudrait qu’on leur substituât un ouvrage d’un autre sculpteur
l y a, dans le livre aussi instructif qu'amu-
sant consacré à Renoir par M. Ambroise
Vollard, un dialogue assez malicieux où, par
une série de prétérilions et de quiproquo
volontaires, le peintre du Moulin de la Galette
et du Déjeuner des Canotiers, nous laisse
connaître — ou deviner — son sentiment
sur les divers usages que lit Degas de ses
talents. Renoir écarte d’abord l’idée d’une
supériorité que d’aucuns voudraient, de nos
jours, attribuer à Lautrec et il exprime son
admiration pour les eaux-fortes de Degas.
V. — Et le Degas peintre ?
R. — .le viens de voir à une vitrine un dessin de Degas, un simple trait au fusain
dans un cadre d’or, à tuer tout!.. Je n’ai jamais imaginé un plus beau dessin de
peintre.
Y. — Je veux dire : quand Degas emploie la couleur ?
R. — Lorsqu’on voit ses pastels ? Quand on pense qu’avec une matière si désa-
gréable à manier, il a pu retrouver le ton des fresques ! Lorsqu’il a fait son extraordi-
naire exposition en i885 chez Durand-Ruel, j’étais justement en plein dans mes
recherches à rendre des fresques avec la peinture à l’huile. Vous pensez si j’étais
« épaté » de ce que je voyais là !
Y. — C’est justement du Degas peintre à l’huile que..
Mais Renoir : « Regardez donc, Vollard ! » Et comme ils passent place de
1 Opéra, Renoir parle du fameux groupe de Carpeaux ; il trouve que ces
bacchantes ne sont pas du tout à leur place sur la façade de l’Académie
nationale et voudrait qu’on leur substituât un ouvrage d’un autre sculpteur