Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 9.1924

DOI issue:
Nr. 1
DOI article:
Bibliographie
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24943#0074

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
BIBLIOGRAPHIE

G. Glotz. — La Civilisation égéenne (Bibl.
de synthèse historique, n° 9). Paris, « Renais-
sance du livre» ( 1 g23). Petit in-8°, vm-
/172 p. avec 87 fig., 3 cartes et 4 pl. hors
texte.

Ce livre — dont la rédaction avait d’abord
été confiée à un jeune érudit de la plus
belle espérance, enlevé par une mort
glorieuse et prématurée, Ad.-J. Reinach —
présente pour la première fois au public français
un tableau vraiment complet (sans manquer de
justice envers l’ouvrage excellent de René
Dussaud) de cette étonnante civilisation créto-
mycénienne qu’ont révélée les fouilles de Schlie-
mann, d’Evans et d’Halbherr. Le nom de son
auteur fait pressentir suffisamment combien
l’érudition en est vaste et solide, le jugement
sùr, le style attrayant, animé, parfois coloré.

L’histoire de l’art a naturellement beaucoup
à glaner dans cet exposé, fondé presque tout
entier sur des documents archéologiques. Deux
chapitres sont même entièrement consacrés à
« l’art égéen » :1e chapitre iv du livre Ier à
l’architecture, le ch. ier du livre IV aux autres
arts (peinture, sculpture, orfèvrerie, glyptique,
céramique). L’un et l’autre sont tracés de main
de maître ; tout au plus pourrait-on trouver
quelques pages un peu loulfues, quelques-unes
un peu enthousiastes pour ceux que M. G. appelle
les « Japonais de l’Égce ». Ce n’est pas la faute
de l’auteur si sa synthèse, à peine publiée, est
déjà sur certains points dépassée par les toutes
récentes découvertes d’Evans dans les maisons
privées de Cnosse et de l’École française
d’Athènes à Mallia. Espérons que le succès
mérité de ce volume sera assez grand pour
rendre nécessaire de nouvelles éditions, soigneu-
sement tenues au courant d’une investigation qui
est bien loin d’avoir dit son dernier mot. Je sou-

haite qu’en ce cas la « toilette» en soit un peu
plus soignée : les nombreuses illustrations,
d’ailleurs bien choisies, qui l’accompagnent
gagneraient à être tirées sur un papier moins
maussade1.

La musique n’a pas été oubliée dans cet exposé
de l’art crétois ; les quelques pages que
M. Glotz lui a allouées (p. 335 suiv.) appellent
peut-être quelques retouches. La théorie —
empruntée à Gevaert — de l’évolution de la
lyre est quelque peu naïve. Pour l’aulos double,
M. G., qui ne néglige pas le témoignage du sarco-
phage d’IIaghia Triada, répète l’erreur des
premiers éditeurs qui y reconnaissaient deux
tuyaux parallèles de longueur inégale; il paraît
ignorer l’élude insérée dans l'article Tibia du
Dictionnaire des antiquités, d’où il résulte que
le second tuyau est pourvu d’un pavillon, c’est-
à-dire que l’aulos est du type phrygien, fait d’une
grande importance par les relations internatio-.
nales qu’il suggère. Ce qu’il dit des rythmes
(présumés) des danses crétoises n’est pas non
plus tout à fait satisfaisant. Le mot crétique a
désigné le double trochée (mesure à 6/8) avant
d’être appliqué au « péon » de cinq temps; il
est donc probable que les « rondos minoennes »
s’exécutaient à 6/8 et non à 5/8. Enfin il ne
fallait pas (p 346) alléguer l’autorité de Simo-
nide pour faire de l'hyporchème un mode (?)
crétois. H y a longtemps cpi’il a été démontré
(,Mélanges II. Weil) que le IV. 3i du Simonide
de Bcrgk n’est pas de Simonide, mais probable-
ment de Pindare et de Bacchylide.

Voilà de bien menues critiques : c’est que cet
excellent travail n’en comporte pas d’autres.

t. u.

1. Il paraît qu’il existe quelques exemplaires tirés
sur «papier de luxe», mais je no les ai pas vus ni
comptés.
 
Annotationen