Overview
Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 9.1924

DOI issue:
Nr. 2
DOI article:
Reinach, Salomon: L' Apollon en bronze de Bourganeuf
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24943#0078

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
66

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

d'œuvres exquises ne sont connues que par des photographies. S’il arrive
ensuite qu’elles soient détruites ou dérobées, comme l’ont été, de i g 1 4 à 1918,
beaucoup de petits bronzes de nos Musées du Nord, on n’en a plus que des
images toujours insuffisantes pour l’étude. Gela est plus vrai encore des
objets en métaux précieux, exposés non seulement au vol, mais à la fonte.
Que reste-t-il des bijoux romains de Lyon, de Marseille, de la collection
DutuitP Rien, pas même des photographies. Le Musée de Saint-Germain,
qui possède un atelier de moulage, est toujours prêt à mouler les antiques
qu’on veut bien lui communiquer, à la seule condition de pouvoir garder
les creux et d’en tirer les épreuves que d’autres Musées lui demanderaient.
Mais revenons à la statuette du Limousin.

Tout à fait intact au revers, qui est d’un modelé et d’une patine admi-
rables, le bronze a souffert de quelques érosions sur la face; mais ces bles-
sures n’en diminuent pas la beauté, qui tient surtout à la charmante
harmonie des lignes et à la parfaite entente des plans. Les yeux et les bouts
des seins sont incrustés d’argent, ce qu’on voit seulement sur des bronzes
du travail le plus soigné. Quand même il n’existerait pas de répliques de
celui-ci, on y reconnaîtrait sans hésiter une réduction, faite au Ier siècle de
notre ère — peut-être en Campanie, peut-être à Lyon — d’un chef-d’œuvre
grec du ive siècle finissant, où l’influence de Lysippe est déjà sensible dans
la petitesse de la tête, alors que le mouvement de la hanche accuse celle des
modèles de Praxitèle. Apollon ou Dionysos ? Cette question se pose souvent
en pareil cas. Mais la première désignation s’impose ici, tant à cause delà
chevelure ornée de feuilles de laurier 1 qu’en raison de la vigueur de la
musculature; celle de Dionysos a généralement quelque chose de plus mou,
de plus féminin.

Vers 1875, des pêcheurs grecs découvrirent dans la mer près d’Eleusis
(et non de Salamine, comme on Ea dit d’abord) une statue de bronze
presque de grandeur naturelle, sans tête ni bras. Cette trouvaille fut trans-
portée secrètement au Pirée et finit par passer dans la collection du comte
Sabouroff, ministre de Russie à Athènes. On sait que cette collection,
cataloguée avec luxe par Furlwaengler, a été partagée entre l’Ermitage et le
Musée de Berlin; le grand bronze d’Eleusis est à Berlin. Le motif est très
analogue, avec moins de sveltesse, à celui de la statuette de La Courière,
dont il existe d’autres répliques de petite dimension, notamment au Cabinet
des Médailles (n° io5, sans provenance connue), à Trêves, à Spire, à
Évreux. Au Louvre même, une statuette restaurée d’Apollon, autrefois au

1. Il y a, dans la chevelure, de petits trous pour l’insertion de ces feuilles, qui pouvaient
être en argent.
 
Annotationen