L'APOLLON EN BRONZE DE BOURGANEUF
67
château de Richelieu (n. 77 du catalogue de Froehner)1, offre un motif
semblable; mais, comme il arrivait quand on copiait dans l’antiquité des
bronzes en marbre, on a ajouté un support ; le bras gauche du dieu est posé
sur un tronc d’arbre autour duquel s’enroule un serpent et qui sert également
d’appui à la partie gauche du corps.
Ce même type d’Apollon se rencontre aussi sur des monnaies grecques,
par exemple celles de Césarée de Cappadoce, de Nicopolis d’Epire, d’Éphèse,
de Sidé. Grâce à ces documents, ou peut entrevoir la restitution qui convien-
drait à la statuette que nous publions. C’est celle que Furtwaengler avait
proposée pour le torse Sabouroff2 et dont nous offrons ici le croquis. La
flèche, attribut tenu par la main droite, est suggérée par le marbre du
Louvre, où la flèche est incontestablement antique. Pour l’attribut du bras
gauche abaissé, un petit arc évidemment symbolique, nous avons le témoi-
gnage d’une monnaie de Césarée de Cappadoce3, où l’attribut du bras droit
est indistinct. On pourrait d’ailleurs substituer un rameau de laurier à la
flèche de la main droite, comme on le voit sur une monnaie de Sidé, où la
main gauche abaissée tient aussi un arc.
Furtwaengler considérait l’Apollon du Musée de Berlin comme un bronze
de l’école argivo-sicyonienne, postérieur à Polyclète et antérieur à Lysippe
(vers 36o av: J.-C.). La monnaie de Sidé dont il a été question est plus
ancienne encore (vc siècle). En revanche, notre bronze fait penser à un
original plus voisin de l’an 3oo. Nous avons donc ici un nouvel exemple
d’un type créé par l’art du ve siècle, probablement dans l’école de
Polyclète, qui a été traité comme un bien commun et successivement
rajeuni par plusieurs artistes pour en accommoder les proportions et
l’expression au goût de leur temps. C’étaient comme des variations
exécutées sur un thème que le génie d’un sculpteur du vc siècle avait intro-
duit dans le répertoire de l’art. L’étude des petits bronzes de la belle époque
romaine fournirait de nombreux exemples de ces rajeunissements d’an-
ciennes formules ; il ne semble pas qu’on ait encore accordé à ce phéno-
mène toute l’attention qu’il parait mériter.
s. REINACH
1. S. Reinach, Rèp. de la statuaire, t. I, p. i36,2.
2. Furtwaengler, Sammlung Sabouroff, Berlin, 1883, t. I, pi. 8-11
3. Overbcck, Apollo, pi. IV, 34-
67
château de Richelieu (n. 77 du catalogue de Froehner)1, offre un motif
semblable; mais, comme il arrivait quand on copiait dans l’antiquité des
bronzes en marbre, on a ajouté un support ; le bras gauche du dieu est posé
sur un tronc d’arbre autour duquel s’enroule un serpent et qui sert également
d’appui à la partie gauche du corps.
Ce même type d’Apollon se rencontre aussi sur des monnaies grecques,
par exemple celles de Césarée de Cappadoce, de Nicopolis d’Epire, d’Éphèse,
de Sidé. Grâce à ces documents, ou peut entrevoir la restitution qui convien-
drait à la statuette que nous publions. C’est celle que Furtwaengler avait
proposée pour le torse Sabouroff2 et dont nous offrons ici le croquis. La
flèche, attribut tenu par la main droite, est suggérée par le marbre du
Louvre, où la flèche est incontestablement antique. Pour l’attribut du bras
gauche abaissé, un petit arc évidemment symbolique, nous avons le témoi-
gnage d’une monnaie de Césarée de Cappadoce3, où l’attribut du bras droit
est indistinct. On pourrait d’ailleurs substituer un rameau de laurier à la
flèche de la main droite, comme on le voit sur une monnaie de Sidé, où la
main gauche abaissée tient aussi un arc.
Furtwaengler considérait l’Apollon du Musée de Berlin comme un bronze
de l’école argivo-sicyonienne, postérieur à Polyclète et antérieur à Lysippe
(vers 36o av: J.-C.). La monnaie de Sidé dont il a été question est plus
ancienne encore (vc siècle). En revanche, notre bronze fait penser à un
original plus voisin de l’an 3oo. Nous avons donc ici un nouvel exemple
d’un type créé par l’art du ve siècle, probablement dans l’école de
Polyclète, qui a été traité comme un bien commun et successivement
rajeuni par plusieurs artistes pour en accommoder les proportions et
l’expression au goût de leur temps. C’étaient comme des variations
exécutées sur un thème que le génie d’un sculpteur du vc siècle avait intro-
duit dans le répertoire de l’art. L’étude des petits bronzes de la belle époque
romaine fournirait de nombreux exemples de ces rajeunissements d’an-
ciennes formules ; il ne semble pas qu’on ait encore accordé à ce phéno-
mène toute l’attention qu’il parait mériter.
s. REINACH
1. S. Reinach, Rèp. de la statuaire, t. I, p. i36,2.
2. Furtwaengler, Sammlung Sabouroff, Berlin, 1883, t. I, pi. 8-11
3. Overbcck, Apollo, pi. IV, 34-