JACQUES CALLOT ET DON GIOVANNI MEDICI
1'9
fils Gosme II (1608-1621), prit peur et pria le prince d’aller donner ses mauvais
exemples hors du pays. 11 partit pour Venise, emmenant avec lui la femme d’un
boulanger qu’il enlevait à son mari, la belle Livia Vernazza. Il devint général de la
Sérénissime et la République ayant, d’accord avec les Turcs et les Anglais, déclaré
la guerre à l’Autriche pour mettre fin aux dommages que causaient à sa navigation
adriatique les pirateries des Uscoques, dalmates ou croates de Segna, il fut chargé,
en 1617, d’aller attaquer Gradisca, au Frioul.
C’est du camp vénitien sous cette ville que s’échange la correspondance suivante
conservée aujourd’hui aux Archives de l’Etat, à Florence, dont nous donnons la
traduction. Elle appelle l’attention sur une œuvre de l’aquafortiste lorrain dont
aucun des biographes de l’artiste n’a parlé. Elle jette quelque lumière sur l’existence
comme sur l’àme de l’artiste encore entourées d’ombres.
Don Giovanni laissait à Florence pour la gestion de ses biens un régisseur,
Cosimo Baroncelli, qui, chaque semaine, rendait compte des commissions dont il
était chargé, en agrémentant ses lettres de petites histoires du jour: ses lettres se
trouvent au volume 5147 du fonds Médicéen. Le prince avait auprès de lui un
dessinateur florentin pour les plans de siège et d’attaque, Gabbriello Ughi, qui lui
servait aussi de secrétaire surtout pour les rapports avec la belle Livia, demeurée à
Venise durant cette campagne : la correspondance de Gabbriello forme le volume
5i44 du même fonds. Les lettres de Callot figurent au volume 5141 -
Cosimo Baroncelli, de Florence, à Don Giovanni Medici,
au camp vénitien sous Gradisca assiégée.
Florence, i3 janvier 1618. ...Reçu aussi l’ordre de faire graver le dessin que
doit m’envoyer M. Gabbriello. Je ne manquerai pas d’exécuter le tout avec ponctua-
lité (F. Méd. Vol. 5147, f° 3).
3 Février. J’ai reçu le dessin à faire graver et l’ai donné moi-même au maître
[Callot| qui doit le graver et lui ai lu recommandations et lettre que M. Gabbriello
m’a écrites à ce sujet. Après lui avoir fait assurer qu’il en était capable, en présence
de M. Filippo Sasselti, je lui ai laissé recommandations et lettre afin qu’au cours du
travail, il puisse les revoir et faire ponctuellement ce qui s’y trouve précisé et recom-
mandé. Il a écrit à Rome pour les planches de cuivre qui coûteront, dit-il, de 20 à
3o écus1 et, en attendant, il se sert des planches qu’il reçoit de la Cour et qu’il
remplacera à l’arrivée des autres. Il n’a pas voulu faire de prix pour son travail qui
sera, dit-il, considérable, devant calquer tout le dessin et le mettre au point, pièce
par pièce, pour que la gravure vienne bien. Mais il a demandé que je lui donne à
compte 1/10 écus et, aussitôt l’œuvre achevée, qui prendra, dit-il, assez de temps, la
chose étant très complexe et très fournie, il fera pour plaire tout ce qu’il pourra et
on réglera sur le pied de ce que lui paie la Cour. Je l’ai prié de travailler avec dili-
1. L’écu tlorenlin valait 7 lires ; la lire pesait environ 5 grammes d’argent. La Cour
payait le cuivre 1 lire 1/2 la livre. Une planche ordinaire pesait une livre et demie.
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fils Gosme II (1608-1621), prit peur et pria le prince d’aller donner ses mauvais
exemples hors du pays. 11 partit pour Venise, emmenant avec lui la femme d’un
boulanger qu’il enlevait à son mari, la belle Livia Vernazza. Il devint général de la
Sérénissime et la République ayant, d’accord avec les Turcs et les Anglais, déclaré
la guerre à l’Autriche pour mettre fin aux dommages que causaient à sa navigation
adriatique les pirateries des Uscoques, dalmates ou croates de Segna, il fut chargé,
en 1617, d’aller attaquer Gradisca, au Frioul.
C’est du camp vénitien sous cette ville que s’échange la correspondance suivante
conservée aujourd’hui aux Archives de l’Etat, à Florence, dont nous donnons la
traduction. Elle appelle l’attention sur une œuvre de l’aquafortiste lorrain dont
aucun des biographes de l’artiste n’a parlé. Elle jette quelque lumière sur l’existence
comme sur l’àme de l’artiste encore entourées d’ombres.
Don Giovanni laissait à Florence pour la gestion de ses biens un régisseur,
Cosimo Baroncelli, qui, chaque semaine, rendait compte des commissions dont il
était chargé, en agrémentant ses lettres de petites histoires du jour: ses lettres se
trouvent au volume 5147 du fonds Médicéen. Le prince avait auprès de lui un
dessinateur florentin pour les plans de siège et d’attaque, Gabbriello Ughi, qui lui
servait aussi de secrétaire surtout pour les rapports avec la belle Livia, demeurée à
Venise durant cette campagne : la correspondance de Gabbriello forme le volume
5i44 du même fonds. Les lettres de Callot figurent au volume 5141 -
Cosimo Baroncelli, de Florence, à Don Giovanni Medici,
au camp vénitien sous Gradisca assiégée.
Florence, i3 janvier 1618. ...Reçu aussi l’ordre de faire graver le dessin que
doit m’envoyer M. Gabbriello. Je ne manquerai pas d’exécuter le tout avec ponctua-
lité (F. Méd. Vol. 5147, f° 3).
3 Février. J’ai reçu le dessin à faire graver et l’ai donné moi-même au maître
[Callot| qui doit le graver et lui ai lu recommandations et lettre que M. Gabbriello
m’a écrites à ce sujet. Après lui avoir fait assurer qu’il en était capable, en présence
de M. Filippo Sasselti, je lui ai laissé recommandations et lettre afin qu’au cours du
travail, il puisse les revoir et faire ponctuellement ce qui s’y trouve précisé et recom-
mandé. Il a écrit à Rome pour les planches de cuivre qui coûteront, dit-il, de 20 à
3o écus1 et, en attendant, il se sert des planches qu’il reçoit de la Cour et qu’il
remplacera à l’arrivée des autres. Il n’a pas voulu faire de prix pour son travail qui
sera, dit-il, considérable, devant calquer tout le dessin et le mettre au point, pièce
par pièce, pour que la gravure vienne bien. Mais il a demandé que je lui donne à
compte 1/10 écus et, aussitôt l’œuvre achevée, qui prendra, dit-il, assez de temps, la
chose étant très complexe et très fournie, il fera pour plaire tout ce qu’il pourra et
on réglera sur le pied de ce que lui paie la Cour. Je l’ai prié de travailler avec dili-
1. L’écu tlorenlin valait 7 lires ; la lire pesait environ 5 grammes d’argent. La Cour
payait le cuivre 1 lire 1/2 la livre. Une planche ordinaire pesait une livre et demie.