GAZETTE DES BEAUX-ARTS
16a
Le Journal du conseil, tenu par Charles Perrault, contredit les Mémoires
rédigés par Charles Perrault. Dans les Mémoires, il déclare que l’approba-
tion royale est antérieure à l’institution dudit conseil ; les procès-verbaux
prouvent le contraire. Le Roi choisit le projet avec colonnade présenté par
le triumvirat. Le Vau fit alors exécuter un dessin sans doute par son chef
d’agence d’Orbay. Si Perrault avait été le seul auteur de ce projet primitif,
il eût été bien inutile de lui en adresser une copie pour faire un autre des-
sin « conforme en gros à celui-là ». Colbert veut combiner les beautés
des trois dessins, c’est-à-dire de celui de Le Vau qui sert de base, et de
ceux de Le Brun et de Perrault, chargés de proposer des améliorations.
Le Musée du Louvre possède précisément un plan que nous reproduisons
et qui est sorti de l’atelier de Le Vau. Nous ne commenterons pas ici les
aménagements proposés du côté des Tuileries et de la rue de Beauvais. Nous
remarquerons simplement que le grand salon — au-dessus de la salle des
antiques — est déjà agrandi. Nous démontrerons ailleurs, grâce au toisé du
Louvre, que ce travail fut exécuté en 1664-1665. Le plan est donc posté-
rieur à cette dernière date.
Il est de la main de François d’Orbay. Nous avons examiné trop de
pièces, projets ou marchés, dessinés ou écrits par cet architecte pour hési-
ter sur l’attnbution. D’Orbay a jusqu’à sa mort tracé les g comme on le fai-
sait à la fin du xvi' ou au début du xvnc siècle. Il suffit, de comparer un plan
signé par d’Orbay et conservé au Louvre avec le plan en question pour con-
stater l'identité des deux écritures.
Dès lors, nous surprenons Ch. Perrault une seconde fois en flagrant délit
d’erreur : il affirmait dans ses Mémoires que jamais d’Orbay n’avait
voulu essayer de dessiner un péristyle ni en parler à son maître. Ce plan
prouve le contraire.
Ce plan n’est pas celui de la colonnade actuelle ; comme il respecte la
façade intérieure du Louvre, telle que l’avait dessinée Lescot du côté occi-
dental, le pavillon cenlral de la colonnade a les mêmes dimensions que les
autres pavillons centraux et ses pavillons latéraux que les autres pavillons
latéraux. Ils sont sensiblement moins larges que les pavillons actuels. La
colonnade a, de chaque côté du pavillon central, huit groupes de colonnes
accouplées, plus une colonne aux extrémités, soit dix-huit colonnes, tandis
que Perrault se contentera de six groupes plus une colonne à chaque bout,
soit quatorze colonnes. L'auteur de ce plan employait des linteaux moins
larges que ne le fera Perrault.
Le plan nous indique la distribution prévue : en allant du Nord au Sud,
on rencontrait dans cette aile orientale la chapelle, un escalier, la salle des
gardes, l’antichambre, le cabinet de cercle, la chambre de parade, la chambre
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Le Journal du conseil, tenu par Charles Perrault, contredit les Mémoires
rédigés par Charles Perrault. Dans les Mémoires, il déclare que l’approba-
tion royale est antérieure à l’institution dudit conseil ; les procès-verbaux
prouvent le contraire. Le Roi choisit le projet avec colonnade présenté par
le triumvirat. Le Vau fit alors exécuter un dessin sans doute par son chef
d’agence d’Orbay. Si Perrault avait été le seul auteur de ce projet primitif,
il eût été bien inutile de lui en adresser une copie pour faire un autre des-
sin « conforme en gros à celui-là ». Colbert veut combiner les beautés
des trois dessins, c’est-à-dire de celui de Le Vau qui sert de base, et de
ceux de Le Brun et de Perrault, chargés de proposer des améliorations.
Le Musée du Louvre possède précisément un plan que nous reproduisons
et qui est sorti de l’atelier de Le Vau. Nous ne commenterons pas ici les
aménagements proposés du côté des Tuileries et de la rue de Beauvais. Nous
remarquerons simplement que le grand salon — au-dessus de la salle des
antiques — est déjà agrandi. Nous démontrerons ailleurs, grâce au toisé du
Louvre, que ce travail fut exécuté en 1664-1665. Le plan est donc posté-
rieur à cette dernière date.
Il est de la main de François d’Orbay. Nous avons examiné trop de
pièces, projets ou marchés, dessinés ou écrits par cet architecte pour hési-
ter sur l’attnbution. D’Orbay a jusqu’à sa mort tracé les g comme on le fai-
sait à la fin du xvi' ou au début du xvnc siècle. Il suffit, de comparer un plan
signé par d’Orbay et conservé au Louvre avec le plan en question pour con-
stater l'identité des deux écritures.
Dès lors, nous surprenons Ch. Perrault une seconde fois en flagrant délit
d’erreur : il affirmait dans ses Mémoires que jamais d’Orbay n’avait
voulu essayer de dessiner un péristyle ni en parler à son maître. Ce plan
prouve le contraire.
Ce plan n’est pas celui de la colonnade actuelle ; comme il respecte la
façade intérieure du Louvre, telle que l’avait dessinée Lescot du côté occi-
dental, le pavillon cenlral de la colonnade a les mêmes dimensions que les
autres pavillons centraux et ses pavillons latéraux que les autres pavillons
latéraux. Ils sont sensiblement moins larges que les pavillons actuels. La
colonnade a, de chaque côté du pavillon central, huit groupes de colonnes
accouplées, plus une colonne aux extrémités, soit dix-huit colonnes, tandis
que Perrault se contentera de six groupes plus une colonne à chaque bout,
soit quatorze colonnes. L'auteur de ce plan employait des linteaux moins
larges que ne le fera Perrault.
Le plan nous indique la distribution prévue : en allant du Nord au Sud,
on rencontrait dans cette aile orientale la chapelle, un escalier, la salle des
gardes, l’antichambre, le cabinet de cercle, la chambre de parade, la chambre