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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 9.1924

DOI issue:
Nr. 4
DOI article:
Backer, J.-F.: Les tracas judiciaires de Rembrandt, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24943#0256

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

que leur autorisation fût sanctionnée par le Conseil de la Chambre des Tutelles. Le
dernier conjoint survivant avait également le droit, en cas de dispense d’inventaire, de
déterminer l’actif, à condition de prendre sur lui-même de verser une certaine somme
d’argent à son enfant mineur à la majorité de ce dernier ou à l’époque de son mariage
éventuel avant d’être majeur. Cela lui donnait le privilège de jouir de la totalité des
biens, mais les dettes restaient à sa charge1 2.

Il est vraisemblable que tout se passa de la sorte. Le 17 décembre i642, le tes-
tament de Saskia fut déposé à la Chambre des Tutelles dont les membres décidèrent
que le sieur « Veuf Rembrandt van Rhyn jouirait de la totalité des biens, sans en
établir l’inventaire. »

On mentionna en outre que Hendrick Uylenburgh, probablement le seul membre
de la famille demeurant à Amsterdam, y donnait son consentement1.

Donc, si la proportion des droits de Rembrandt sur les biens résultant du régime
de la communauté était régulièrement établie d’après le code alors en vigueur,
rien n’indiquait d’autre part, d’une manière exacte, le montant de l’héritage qui
revenait à Titus. Si les affaires de Rembrandt avaient marché à souhait, il ne se
serait présenté aucun inconvénient, mais déjà en 16/17 on constata des traces visibles
de décadence qui indiquaient que Rembrandt appartenait, selon la typique expression
de Hugo Grotius, à la catégorie des patrons de navire, entraînés à leur insu par le
courant qui les contraint à naviguer en arrière, même quand un vent favorable
gonfle les voiles. Les gens qui sont à terre et qui n’en éprouvent aucun dommage
remarquent facilement celte situation, mais l’intéressé à bord ne s’en aperçoit géné-
ralement que lorsqu’il est trop tard.

A cette époque déjà, les parents de Saskia insistèrent dans l’intérêt du mineur,
pour qu’un inventaire fût établi (Urk. 256 § 5) et cela sans doute avec menace d’obliger
Rembrandt à accepter un conseil judiciaire, pour dilapidation de biens. Sur l’avis
d’un des plus célèbres avocats de l’époque Me Pieter Cloeck (1589-1667), demeurant
au Singel près de la Bergstraat et voisin de Frans Banningh Cocq, le célèbre capi-
taine de la Ronde de Nuit, Rembrandt essaya encore dans celte même année 16/17
de rassembler les témoignages d’un certain nombre de personnes, qui lui permet-
traient d’établir un inventaire des biens provenant du régime de la communauté et
tels qu’ils s’étaient trouvés cinq années auparavant, au moment du décès de Saskia.

Vers 1658-1669 et sur la prière de Louis Crayers, tuteur de Titus, Rembrandt
a fait à ce sujet une déclaration par devant le notaire Listingh à Amsterdam (Urk. 202).
Cette déclaration nous est parvenue, mais l’inventaire, y annexé, a disparu : il aurait
atteint le montant de 40760 florins (Urk. 256 § 7).

Rembrandt semble avoir exagéré la valeur des biens qui lui étaient dévolus par
suite du régime de la communauté. Des personnalités qui l’approchaient de très près,
l’antiquaire Louis van Ludick et Adrien de Wees, déclarèrent à la date du 16 mars i656

1. N. de Roever Azn., De Amslerdamsche Weeskamer, 1878, p. 46-48.

2. Die Urkunden iiber Rembrandt, Dr C. Hofstede de Groot. La Haye, 1906, n° 97.

Cet ouvrage sera cité désormais sous le titre abrégé : Urk,
 
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