LES TRACAS JUDICIAIRES DE REMBRANDT
241
Christophe Thysz, fit notifier à Rembrandt par l’entremise du notaire Cornelis Tou,
que les 4oe et 3o' deniers, c’est-à-dire les droits qu’il fallait payer pour entrer en
possession de l’immeuble, étaient pour la moitié à son compte ; en cas de refus, le
montant serait avancé par Thysz auquel il devrait être remboursé dès qu’on aurait
dressé l’acquit.
Deux jours après, Rembrandt fit parvenir une réponse au notaire Tou, lui com-
muniquant qu’il avait déjà entretenu son garant Dirck Dirckz Gryp au sujet d’une
copie à faire de l’acte d’acquit et qu’il donnerait une réponse définitive dans trois ou
quatre jours.
Cette notification a été trouvée, il y a quelque temps, dans les actes du notaire Tou
à Amsterdam, par le Dr A. Bredius qui a eu l’amabilité de la mettre à notre dispo-
sition.
L’acte d’acquit, qu’on appelait communément une « lettre-mandat », devait, selon
la coutume, être établi sur parchemin et muni des sceaux des deux échevins, ce qui
demandait naturellement un temps assez considérable.
Là-dessus, Christophe Thysz établit sa note qui s’élevait à 8470 fl., 80 y
compris la moitié des droits de mutation dont il est parlé plus haut {Urk. 142).
Il fit présenter cette note à Rembrandt le 4 février x653, par l’entremise du notaire
van der Piet, faisant ajouter que la pièce timbrée était déjà prête et serait en outre
transmise {Urk. 143).
Environ huit jours auparavant, le 29 janvier 1653, Rembrandt avait emprunté au
Dr Cornelis Witsen (1606-1669) une somme de 4 180 florins, sans intérêts et pour
un an {Urk. 176). Il le connaissait probablement comme membre de la confrérie
des « Kloveniers », pour laquelle Rembrandt avait peint dans le temps la fameuse
Ronde de nuit.
Hans Bontemantel (1613-1688), contemporain de Witsen, raconte que ce dernier
fut loin d’être populaire plus tard comme bailli (Schout) (1667-1669): « parce
qu’il se montrait trop grippe-sous à l’égard de la commune, des substituts et des
serviteurs ». A notre avis, il ne faut pas attacher une trop grande importance à
ces plaintes émanant des fonctionnaires subalternes de la commune et dont
Bontemantel s’est fait l’interprète. D’ailleurs, l’argent provenant des amendes était
réparti comme suit : un tiers revenait à la ville, un tiers au Bailli et le reste était
partagé entre les substituts, les employés et ceux qui avaient signalé le méfait frappé
d’amende (Bontemantel, I, pag. 88).
Si donc pendant les quelques années où Witsen a exercé les fonctions de bailli, les
personnes en question ont été un peu moins favorisées au point de vue pécuniaire,
il faut en chercher la cause ailleurs que dans son égoïsme. Witsen a eu une très
noble conduite à l’égard de Rembrandt dont il estimait beaucoup le caractère; il
lui a avancé sans le moindre intérêt une somme très importante pour l’époque et
rien ne permet de supposer que Witsen ait joué le moindre rôle dans les difficultés
éprouvées par Rembrandt dans ses affaires.
Quelques jours après avoir avancé cette somme d’une façon absolument désintéressée,
le 3 février i653, Witsen gravit le plus haut degré de l’échelle municipale par suite
IX.
5e PÉRIODE.
3l
241
Christophe Thysz, fit notifier à Rembrandt par l’entremise du notaire Cornelis Tou,
que les 4oe et 3o' deniers, c’est-à-dire les droits qu’il fallait payer pour entrer en
possession de l’immeuble, étaient pour la moitié à son compte ; en cas de refus, le
montant serait avancé par Thysz auquel il devrait être remboursé dès qu’on aurait
dressé l’acquit.
Deux jours après, Rembrandt fit parvenir une réponse au notaire Tou, lui com-
muniquant qu’il avait déjà entretenu son garant Dirck Dirckz Gryp au sujet d’une
copie à faire de l’acte d’acquit et qu’il donnerait une réponse définitive dans trois ou
quatre jours.
Cette notification a été trouvée, il y a quelque temps, dans les actes du notaire Tou
à Amsterdam, par le Dr A. Bredius qui a eu l’amabilité de la mettre à notre dispo-
sition.
L’acte d’acquit, qu’on appelait communément une « lettre-mandat », devait, selon
la coutume, être établi sur parchemin et muni des sceaux des deux échevins, ce qui
demandait naturellement un temps assez considérable.
Là-dessus, Christophe Thysz établit sa note qui s’élevait à 8470 fl., 80 y
compris la moitié des droits de mutation dont il est parlé plus haut {Urk. 142).
Il fit présenter cette note à Rembrandt le 4 février x653, par l’entremise du notaire
van der Piet, faisant ajouter que la pièce timbrée était déjà prête et serait en outre
transmise {Urk. 143).
Environ huit jours auparavant, le 29 janvier 1653, Rembrandt avait emprunté au
Dr Cornelis Witsen (1606-1669) une somme de 4 180 florins, sans intérêts et pour
un an {Urk. 176). Il le connaissait probablement comme membre de la confrérie
des « Kloveniers », pour laquelle Rembrandt avait peint dans le temps la fameuse
Ronde de nuit.
Hans Bontemantel (1613-1688), contemporain de Witsen, raconte que ce dernier
fut loin d’être populaire plus tard comme bailli (Schout) (1667-1669): « parce
qu’il se montrait trop grippe-sous à l’égard de la commune, des substituts et des
serviteurs ». A notre avis, il ne faut pas attacher une trop grande importance à
ces plaintes émanant des fonctionnaires subalternes de la commune et dont
Bontemantel s’est fait l’interprète. D’ailleurs, l’argent provenant des amendes était
réparti comme suit : un tiers revenait à la ville, un tiers au Bailli et le reste était
partagé entre les substituts, les employés et ceux qui avaient signalé le méfait frappé
d’amende (Bontemantel, I, pag. 88).
Si donc pendant les quelques années où Witsen a exercé les fonctions de bailli, les
personnes en question ont été un peu moins favorisées au point de vue pécuniaire,
il faut en chercher la cause ailleurs que dans son égoïsme. Witsen a eu une très
noble conduite à l’égard de Rembrandt dont il estimait beaucoup le caractère; il
lui a avancé sans le moindre intérêt une somme très importante pour l’époque et
rien ne permet de supposer que Witsen ait joué le moindre rôle dans les difficultés
éprouvées par Rembrandt dans ses affaires.
Quelques jours après avoir avancé cette somme d’une façon absolument désintéressée,
le 3 février i653, Witsen gravit le plus haut degré de l’échelle municipale par suite
IX.
5e PÉRIODE.
3l