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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 12.1925

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Nr. 2
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Demonts, Louis: Deux peintres de la première moitié du XVIIe siècle: Jacques Blanchard et Charles-Alphonse Dufresnoy
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https://doi.org/10.11588/diglit.24946#0194

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

de Stella au Musée de Lyon? Et cependant, s’il n’ctait anonyme, il serait
célèbre an même litre qu’un Van Dyck ou qu’un Frans Hais, comme aussi
le portrait d’homme attribué à Simon Vouet, de la collection de M. M. Magnin
(n° 252). On semble presque réduire l’histoire du portrait français à cette
époque au seul nom de Philippe de Champaigne, artiste d’origine flamande.
Que de révélations n’amènerait pas une exposition méthodique de tout ce
qui reste encore dispersé çà et là?

Il est un autre groupe d’artistes où seraient possibles les découvertes les
plus intéressantes: le groupe de ceux qui vécurent à l’ombre du Poussin;
ici ne comptent plus tant les influences italiennes que l’atmosphère même
de Rome ; ici c’est l’art italien qui reçoit un germe venu de France.
Dans ce groupe, d’ailleurs, se détache complètement la ligure du Poussin
lui-même; son noble génie s'isole; personne ne l'imite dans sa profonde
réalité, ou c’est alors de purs et fidèles copistes: Lemaire, Nocret ;
seules, leurs anciennes copies peuvent offrir au critique moderne quelque
difficulté, quand il s’agit de les distinguer de l’œuvre même du maître.
Chose curieuse : chez la plupart de ceux dont l’art, indéniablement,
procède de celui du Poussin, ce qui manque, c’est la grandeur, c’est la
belle et sage poésie ; la fantaisie a choisi ce nid magnifique pour y déposer
ses œufs ; voyez Castiglione, Pietro Testa, Giulio Carpioni ; ils restent
idylliques, mais deviennent bouffons. Un seul peintre semble avoir compris
une fois l’essence même du génie du Poussin. Qui l’eût dit? c’est Dufresnoy.
Qu’était réellement Dufresnoy? Le hasard vient de nous l’apprendre.

Jusqu’ici, il n’élail pour nous tous, et je parle des mieux informés, (pie
l’auteur des deux œuvres autrefois conservées au Louvre et gravées dans
le grand ouvrage de Charles Blanc: la Sainte-Marguerite, (aujourd’hui au
Musée d’Evreux), tableau de piété assez banal, et les Naïades (aujourd’hui
au Château de Maisons-Laffitte), gracieux décor d’arbres avec de petites
nudités, dans le goût ordinaire aux imitateurs français de l’Albane. Le
Nouveau Palais à Postdam conserve encore de lui deux pendants : Vénus
et les Grâces, Vénus et les Amours, tous deux datés de 1647, époque où le
peintre était encore à Rome et qui néanmoins ne nous révèlent pas un art
différent de celui de Mignard, qui fut l’ami intime et le fidèle compagnon de
Dufresnoy *.

Dufresnoy, bien oublié de nos jours, fut cependant célèbre jusqu’au 1

1. Ces deux œuvres sont peut-être encore plus proches de Nicolas que de Pierre
Mignard. Il semble que les frères Mignard et Dufresnoy aient adopté ce style, que
nous connaissons bien, en l’année 1644, où le Cardinal de Lyon, frère aîné de Richelieu
leur fit copier les fresques de Carrache au palais Farnèse. — On peut citer encore de
Dufresnoy : une Nymphe au Musée d’Epinal, une Mort de Socrate aux Offices de
 
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