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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 12.1925

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Fierens, Paul: La peinture et la tapisserie: l'Exposition des Arts Décoratifs modernes
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https://doi.org/10.11588/diglit.24946#0244

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218

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

M. Paul Baudoüin s’est appliqué, depuis plus de trente ans, à rénover la tech-
nique de la fresque, à remettre au point les procédés de peinture « sur
mortier frais » . La fresque bien exécutée ne fait qu’un avec la muraille.
Puisque tous les efforts des meilleurs architectes contemporains tendent à la
recherche de l’unité constructive, il se pourrait que l’heure de ta fresque eût
sonné. Toutefois les peintures de la Cour des Métiers, et la plupart de celles
que nous rencontrerons à l'Exposition, sont exécutées, soit à la détrempe,
soil à l'huile, sur plâtre et sur loile marouflée. La confiance de M. Plumet,
architecte en chef, valut à M. Paul Baudoüin la commande de grandes
fresques qui ont été, sous sa direction vigilante, composées et réalisées par
ses disciples, groupés en corporation. La « Corporation de la Fresque » ,
dont le but principal est de « maintenir les règles d’une bonne technique et
les conditions indispensables à la bonne exécution et an grand caractère de
la fresque », s'est vu réserver des espaces à décorer sur les murs des galeries
latérales de l’Esplanade. Le Poète, de M. Jean Adler et la Musique, de M. Léon
Toublanc, regardent vers la cour Bouchard, opposant l’un à l’autre leurs
frontons triangulaires où les mêmes rythmes s’équilibrent autour des figures
centrales, l’homme et la femme, dominantes et surélevées. Voici — dans une
formule, qui, chez M. Toublanc, apparaît nettement moderne, toujours un peu
bourdellienne — d’authentique peinture murale et qu’on peut regarder de
loin. La parfaite lisibilité de ces fresques, la belle continuité de leurs ara-
besques gracieuses, nous en imposent et emportent bientôt notre adhésion.
Nous excuserons certaines faiblesses pour ne retenir d’une telle leçon, bien
nécessaire ici, que ce précepte : en se subordonnant à l’architecture, à
l’échelle du monument, au sens général de ses lignes, la peinture décorative
retrouve à la fois son utilité, sa jeunesse et sa noblesse. Son chant soutient
celui de l’édifice : l’un et l’autre en sont exaltés.

Ailleurs, d’autres élèves de M. Paul Baudoüin ont exécuté des fresques
moins importantes: l'Eau par M. Jaladert et la Terre par M. Lusseau
demeurent un peu « tableau de genre » ; mais on aimera le double symbole
du Feu, par M. Paul Hanaux, qui semble emprunter à quelque sculpture
de Georges Minne l’attitude penchée d’une sinueuse figure; et le génie de
l’Air, par M. La Montagne Saint-Hubert (un fresquiste que nous retrouverons
à l’Ambassade) est charmant de grâce nerveuse, d’envergure et de légèreté.
Sous une frise de Joseph Bernard, un dernier compagnon de la Fresque,
Paul Lemasson, honore les saisons, les âges de la vie, en quatre petites com-
positions de tonalités très différenciées, tendant à démontrer que le mortier
frais reçoit — s’il ne conserve pas toujours — toutes les nuances de la
palette, et qu’il n’est nul besoin, pour se convertir aux doctrines de M. Paul
Baudoüin et de sa corporation, de faire vœu de pauvreté.
 
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