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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 12.1925

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Nr. 3
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Drouot, Henri: Le tombeau de Saint-Bertrand-de-Comminges et le théme des pleurants
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https://doi.org/10.11588/diglit.24946#0280

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254

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

recouvert d’une large dalle de pierre noire polie très délabrée. Une base
faite, elle aussi, de pierre noire répondait à cette dalle et encadrait avec elle
de moulures miroitantes les figurines de marbre bleuté, aujourd'hui forte-
ment patiné, appliquées sur le parement sombre du sarcophage. Notons cet
aspect caractéristique, qui est celui de tant de tombeaux français des xive et
xve siècles. Ces belles pierres noires venaient-elles des carrières de Dînant,
suivant une mode qui dura plus d’un siècle? Le profil des moulurations que
la dalle jette en surplomb au-dessus du soubassement s'apparente de si près
à celui des dalles meusiennes des mausolées de Dijon, de Souvigny et de
tant d’autres, que le doute n’est guère permis : c’est là un envoi des tombiers
wallons, et ce lointain témoin pyrénéen d’un usage franco-flamand, si abon-
damment représenté dans les provinces du Nord français, est intéressant à
relever '.

Quatre pilastres blancs découpent en trois carrés égaux les grandes faces
du soubassement et étalent en pleine lumière leurs glacis et les saillies de
leur décoration : piles engagées par l’angle, gables à crochets, rosaces, arcs
à redents. Ces puissants pilastres semblent supporter à eux seuls, sur leurs
consoles à frettes crénelées, le poids de la lourde tombe. Entre eux, les
deuillants d’un cortège funèbre défilent sous une arcature dénuée de finesse,
formée d’arcs en accolade à ressauts multiples et à extrados décorés de
feuilles de chou, dont chacun surplombe un deuxième arc, trilobé, placé
en fort retrait, mais projetant encore sur le massif l’ombre d’une sensible
saillie. Chacun des compartiments compris entre les pilastres est couvert par
deux arcs géminés. L’ensemble paraît un peu rude, ou môme fruste, si on
le compare aux élégantes et légères ciselures d’albàtre qu’offrent maints tom-
beaux frères de style et, sans doute, contemporains de celui-ci1 2.

Les bas-reliefs du tombeau de Saint-Bertrand offrent l’interprétation d’un
thème familier, depuis le xne siècle, aux ateliers français : la cérémonie de
l’absoute et des funérailles. Mais la scène, ici, est particulièrement riche de
personnages3. Elle en compte près de soixante-dix. Encore n’est-il pas iinpos-

1. Voyez L. Courajod. L’Exportation des pierres noires de Dinant (Leçons professées
à l’Ecole du Louvre, t. Il, p. 604).

2. Toute cette architecture est délabrée, ébréchée, restaurée. Quant aux deux
petites faces, à la tête et aux pieds du gisant, dépouillées de toute figure, elles
n’offrent plus qu’un grossier remplage. Une arcature de calcaire gris, à demi noyée
dans le mortier, se voit du côté de la tète.

3. Nous ne songeons, bien entendu, à la comparer ici qu’aux scènes analogues
présentées par les tombeaux français. Car des mausolées espagnols comportent des
 
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