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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 12.1925

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Nr. 4
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Ebersolt, Jean: Une tapisserie byzantine
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https://doi.org/10.11588/diglit.24946#0368

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336

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Il a interprété l’œuvre proposée par des moyens personnels, tout en res-
pectant les formes et l’ordonnance du dessin. La gamme des couleurs,
très solides, est riche : blanc, rouge, rose, bleu foncé, bleu pâle, violet,
brun, noir, plusieurs tons verts, deux tons jaunes.

Ce procédé, également employé pour la fabrication des tapisseries
retrouvées en Egypte, ne différait pas essentiellement de celui des Gobe-
lins'. Cette grande tapisserie à figure est un tableau, exécuté avec un art
luxueux, épris de la polychromie. Elle a servi sans doute de tenture dans
un palais ou dans un sanctuaire, ou bien elle était suspendue entre les
colonnes du ciborium surmontant la sainte-table.

La figure du saint, rehaussée de couleurs joyeuses, est cependant traitée
avec la gravité du style monumental. Elle a été conçue dans le même
esprit que les grandes mosaïques qui tapissent les églises du xie siècle,
de Saint-Luc à Daphni. A cette époque apparait dans l'art byzantin un type
nouveau aux yeux aigus, au nez busqué, au regard oblique. Les figures
de certains saints sont de véritables portraits, qui rayonnent de personna-
lité et de vie intense. L’étude du modèle contemporain et l’observation de
la nature ont rompu la rigidité des procédés traditionnels. Les mosaïstes
avaient acquis un sentiment de la couleur, une science de l’exécution qui
sont caractéristiques de l’époque. Ces qualités se retrouvent sur la tapis-
serie, où la figure se détache aussi en silhouette claire sur un*fond vigou-
reux. Ce mode de décoration polychrome a atteint ici son maximum d’ex-
pression. Le mosaïste, avec ses cubes de verre, ne pouvait modeler ses
visages, accentuer les traits ou souligner les détails de la physionomie aussi
facilement que le tapissier sur son métier.

Ce saint guerrier, à l’attitude libre et fière, est un témoin précieux de
l’iconographie monumentale du xie siècle et de la technique savante avec
laquelle les artisans byzantins savaient rendre une figure contemporaine
d’une originalité saisissante.

JEAN EBERSOLT 1

1. Cf. M. Gerspach, Les tapisseries coptes, Paris, p, 6; M. Dreger, Künstlerische
Entwickhuig der Weberei und Stickerei, Wien, 1904, p. 4s.
 
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