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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 12.1925

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Nr. 4
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Lesueur, Pierre: Le château de Bury et l'architecte Fra Giocondo
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https://doi.org/10.11588/diglit.24946#0370

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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un « tourneur d’albastre », un intarsiatore, deux orfèvres, l’ornemaniste
Jérôme Pacherot, Pacello da Mercoliano, architecte de jardins, le sculpteur
Guido Mazzoni, les architectes Giocondo et Dominique de Cortone, l’huma-
niste grec Jean Lascaris.

De cette première équipe se détache nettement Fra Giocondo comme le
seul homme de premier plan. Fra Giovanni Giocondo, franciscain selon les
uns, dominicain selon les autres, était né vers 1435 à Vérone et mourut plus
qu’octogénaire à Rome le 1er juillet 1515. Vasari l'appelle un « uorno raris-
sime ed universale in tutle le più lodate facultà », et, de fait, la variété de
ses connaissances était grande. Vasari dit qu’il fut excellent théologien. En
tout cas, humaniste versé dans la connaissance des lettres grecques et latines,
philologue, archéologue, érudit, il a notamment commenté et édité Caton,
Vitruve, les lettres de Pline le Jeune et les Commentaires de César ; il a formé
un précieux recueil d’inscriptions antiques ; il fut le maître de Jules-
César Scaliger. Les sciences ne lui étaient pas plus étrangères : au dire de
Vasari, il était adonné à l’étude de la botanique et de l’agriculture; son
contemporain, l’ambassadeur vénitien Morosini le représente comme versé
dans les mathématiques ; la science de l’ingénieur civil et militaire lui était
familière et, en 150(5, il lut appelé par la République de Venise pour donner
son avis sur les travaux de détournement des eaux de la Rrenta.

Enfin, ce n’est que par un parti-pris évident qu’on lui a contesté la qualité
d’architecte que proclament tous ses contemporains. Assurément, il n’est pas
certain qu’il soit l’auteur du Palazzo del Consiglio de Vérone et il peut
demeurer un doute sur l’attribution qu’on lui a faite de nombreux dessins
d’architecture. Mais du moins est-il établi qu’cn 1514 il soumit à la Républi-
que de Venise un vaste projet de reconstruction du quartier du Rialto détruit
par le feu et que, la même année, il partagea avec Raphaël et Giuliano da
San Gallo l'honneur insigne de recueillir la succession de Bramante à la
basilique de Saint-Pierre. Une lettre qu’il écrivait à celte occasion le
2 août 1514 montre assez la considération dont il jouissait, et Raphaël dans
le même temps le déclare « de grande réputation et très savant ».

Il a été tour à tour employé par l’empereur Maximilien, le roi Louis XII,
la République de Venise, le pape Léon X. Il a compté parmi ses amis Aide Ma-
nuce, Sannazar, Paul Emile, Guillaume Budé, Lefèvre d’Étaples, André Nava-
gero, et nombre d’autres grands esprits de ce temps. II fut un type extrême-
ment représentatif de la Renaissance italienne.

Il n’est donc pas indifférent de connaître la part qu’un homme de cette
envergure a eue dans le développement de la Renaissance française à ses
débuts. Comme on le rencontre à Naples en 1489 et 1492, c’est évidemment
en celte ville que l’avait trouvé Charles VIII en 1495 et il fut des vingt-deux
 
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