Journal des beaux-arts et de la littérature (16.1874)

Uasella (très original) Brekelenkarap (encore
un dont la gloire s’avance), Boursse (maître
très rare) Berkheyden, deBaen, Bega, etc.

Comme vous le voyez, mon cher Direc-
teur, tout mérite d’être nommé dans cette
petite mais raffinée collection.

Dans les modernes, môme choix, même
bonheur, même éclectisme. Je ne vous
nommerai pas les plus beaux, attendu que
tous ont leur valeur personnelle et relative.
A vos lecteurs de faire un choix dans tous
ceux que je cite au hasard : J. H. Weis-
senbruch figure ici avec cinq tableaux dont
quatre petits d’une lumière et d’une for-
ce étonnantes. On dirait du soleil incrusté
dans de la pâle. Waldorp a trois tableaux
dont les lointains adorables et la touche
délicate sont exquis aux yeux. Cinq Ver-
veer, tous clairs, lumineux, remplis d’air
et de vent. On croit y être. Trois su-
jets de Ch. Rochussen, aux costumes élé-
gants,aux femmes cambrées, chatoyantes et
aux lointains opaques dont il a le secret.
Deux Madou très importants, tout à fait
dignes de la lutte qui va se former autour
d’eux, car les œuvres de votre charmant
peintre sont rares à rencontrer et les mu-
sées se les disputent. Il en sera de même
de Y Atelier de Rembrandt, du baron Leys,
votre célèbre compatriote dont on vient de
vendre, le IG de ce mois de Mars, à Lon-
dres, chez MM. Agnew, 50,000 l'r. un petit
tableau représentant La Déclaration. Trois
Ivoekkoek,notre maître renommé sans rival
pour la fraîcheur de ses paysages et l’ex-
pression de sa nature. Un Israëls, Le jour
de la séparation, triste et poignant comme
toutes les œuvres de ce poète. Une admira-
ble et majestueuse Cascade d’André Achen-
bach.Un Verschuur dessiné avec cette cor-
rection que l’on sait. Un Verlat rudement
mais chaudement brossé. Trois Schelfhout
d’un pointillé très lin et très expressif. Un
Boelofs un peu lourd mais magistral. Un
Van Trigt de valeur et offrant de l’intérêt
par un sujet emprunté à la vie du landgrave
Philippe de liesse. Un beau Sebron leste-
ment exécuté. Un Schenkel qui dans ses
intérieurs nous rappelle les anciens maîtres.
Uu chàtoyanl tableau de fleurs de Robie.
Quatre (!) marines de Louis Meyer, notre
illustre marinisle, le grand poète de la mer
et des orages. Des perdrix de Wille ; une
forêt de Weber ; des Moutons de Tom ;
des Intérieurs de Scheeres ; une vue de
Nuyen ; des singes de Noterman ; une ten-
tation de Leloir ; des vues de Ch. Leickert ;
des Kobel!,Jacque, Ten Kate, Jacobs, Isa-
bey, Hubner, Hoguet, Hanedoes, Gudin,
Fauvelet, M® O’Connell {le fameux portrait
de Rachel), Brillouin, Bosboom, Van Borse-
ien, Bilders, Blés, Blommers, Allebé, Bak-
kerkorf, etc.

Vous le voyez, la galerie est éclatante et
nombreuse et toutes ces gloires du Panthéon
de l’art valaient bien la peine de vous être
signalés, à vous et à tous ceux qui aiment
Part dans toutes ses manifestations.

Et dire que j’allais oublier un des grands
noms de l’époque. Decamps ! oui. De-
camps figure dans la collection Van Reede

avec un de ses tableaux les plus spirituels
et les mieux faits,Bertrand et Raton du cabi •
net Kat Van Barendrecht. C’est une vraie
perle ! Au front de quelle collection va-t-elle
briller maintenant ? A. d. H.

VENTE DE RIDDER.

COLLECTION D’ESTAMPES HOLLANDAISES ET
FLAMANDES.

, C’est le 9 Avril et jours suivants qu’aura lieu
a Rotterdam la vente de cette célèbre collection
cataloguée par van der Kellen et tout à fait
digne de cet honneur. Le catalogue (i) fera con-
naître dans tous ses détails ce que la collection
De Ridder renferme de pièces rares et curieuses.
Nous y renvoyons donc nos lecteurs après avoir
toutefois consigné ici quelques annotations de
nature à intéresser les iconophiles même les
plus exigeants.

Nous ne parlerons pas des pièces inconnues à
Bartsch, Weigel et à tous les écrivains spécia-
listes ; ii y en a une quantité notable. Signa-
lons quelques raretés. Bega son œuvre complet

— Bol, idem — Brakenburg. L’unique eau-forte
du maître — Bray. D. Le fameux portrait sur
bois de Salomon. — Buytenweg. Son œuvre en
23 feuilles — Camphuvsen. L’unique eau-forte
du maître — Cuyp. A. Son œuvre — Drooch-
sloot, l’unique eau-forte du maître — Dusart.
Ses plus belles gravures en épreuves magnifi-
ques — Eillarts. Ses portraits de Stathouders —
Herman.La suite des 20 feuilles représ: les obsè-
ques d’Ernest Casimir — Maas. D. son œuvre

— Van Ostade. 10 de ses plus belles planches

— Peeters. B. son œuvre en 11 feuilles —■ Ploos
Van Amstel. C. Son œuvre, épr. sup. don du
graveur à l’Académie de dessin d’Amsterdam —
Potter. P. Trois sup. planches — Rembrandt.
L’annonciation, épreuve superbe. La pièce de
cent florins retouchée par Baillie, épr. sup. sur
papier des Indes. Le paysage à la tour carrée,
très belle épreuve. Port, de J. Uytenbogaert.
2me état, rnagn. ex : — Rubens. Ste Catherine —
Segers H.huit feuilles —Siegen àSechten, portr,
de Guillaume II — Swanenburg. Le char volant
de Stévin — Teniers. D. Deux pl.en épr : magn.

— Troost. C L’œuvre gravé d’après les compo-
sitions de ce maître et les planches gravées par
le maître lui-même à la manière noire. 109 feuil-
les et 12 dessins et études de ce maître, super-
be collection qu’on peut dire unique — Troost-
wyck. L’œuvre complet (43 feuilles) — Van de
Velde J. Pièces nombreuses en magnifiques
épreuves — Waterloo. Sup. épreuves. —

Nous devons nous borner à cette rapide no-
menclature où n’est comprise qu’une bien mini-
me partie des trésors de la collection De Ridder
que les collectionneurs vont se disputer. Celle-ci
passera désormais à la postérité comme ces ca-
binets célèbres qui forment dans l’histoire de
l’art des étapes comparatives et pleines d’en-
seignement.

VENTE VAN DER WILLIGEN
(directeur a. g. de visses)

Les collections artistiques de M. Van der Wil-
ligen ont une notoriété que justifient les traditions
d’une famille qui a laissé dans l’histoire de l’art
hollandais un nom justement vénéré. Les ta-
bleaux anciens et modernes, les objets d’art et de
curiosité, vitraux, miniatures, émaux, bronzes,
faïences de Delft, porcelaines, cruches en grés,
verreries, meubles, cheminées, etc. tout un mu-
sée enfin, réuni par plusieurs générations avec
un goût et un soin infinis deviendront, le 20
et le 21 Avril, la proie des enchères. Les dessins,
les estampes et la bibliothèque seront vendus
plus tard.

Nous devons insister auprès des amateurs

(i) Ceux de nos abonnés qui désireraient pos-
séder ce catalogue,le recevront gratis en s’adres-
sant franco à l'administration du Journal des
Beaux-Arts.

sérieux sur l'authenticité des tableaux de la col-

I lection Van der Willigen, non moins que sur la
valeur intrinsèque et artistique des objets d’art.

! Voici, pour les anciens, un aperçu de quelques
noms : Van Aachen, L. Backhuizen, Berkheyde,
Van Bloemen, J. et S. De Bray, Breemberg, P.
Bril, P. Breughel, Cornelis de Haarlem, Dec-
ker, Van der Does, Valkenburg, G. Dou, A. Van
Dyck A. Van Everdingen, Fr. Fions, J. Van
Craesbeeck, Fr. Hais (portrait de famille), F,
Heemskerk, G. Honthorst, J. Kleynhens, G. de
Lairesse, maîtres anonymes allemands et hollan-
dais (tableaux curieux et portraits au nombre
d’une trentaine), J. Van Mieris, Netscher, Per-
celles, E. Van der Poel, Rottenhamer, S. Ruis-
dael, D. Ryckaert, J. Toorenvliet, A. Van de
Venne, Verendael, Verspronck, V. L. Van der
Vinne, J. B. Weenix, etc. etc. — Parmi les mo-
dernes, on compte une trentaine d’œuvres de
bons maîtres.

Les vitraux, miniatures, émaux, sculptures et
bronzes ont des spécimens curieux que nous ne
pouvons que signaler en bloc. Il en est de même
pour les faïences et les grès qui offrent aux col-
lections les types les plus rares et les plus cu-
rieux, notamment dans les faïences de Delft. Il
s’en trouve de remarquables avec des portraits,
des tableaux, des charges, etc. Cette partie des
collections sera, on peut le prévoir, vivement
disputée.

CHRONIQUE GENERALE.

— Nous devons remettre aux prochains nu-
méros les articles suivants : Note sur Jean
Sustermans — Une communication sur Mathieu
Van Brée — Une notice bibliographique sur
l’ouvrage d’Ernst Fôister : Peter ton Cornélius

— Introducti/n de l’histoire de l'art dans les
écoles secondaires et supérieures — De la reproduc-
tion des œuvres d'art. — Représentation des eorps

— Deux tableaux de Jean Van Goyen et de Van
Ostade à Brunswick — Valeur pécuniaire ou prix
d'achat des principales peintures de la Galerie
Nationale de Londres — Le discours de M. Bamps
—- Les Beaux-Arts et les aveugles — Comptes-ren-
dus de plusieurs ouvrages importants : Holbem
et son temps ; Histoire de S1 Louis ; Cécile et
la Société romaine etc. Nous devons nous borner
aujourd’hui à prendre date des envois qui nous
sont faits.

— L’exposition de Reims est pour nos artistes
une occasion de triomphes flatteurs. C’est ainsi
que nous apprenons le nouveau succès obtenu
par notre paysagiste Emile Keymolen. On nous
cite aussi un tableau de M. V. Vervloet, pièce
capitale, acquise au début de l’exposition. Nous
donnerons plus tard une liste complète de ventes
opérées.

— La ville de Charleroi vient d’informer les
architectes belges et étrangers qu’un concours
est ouvert pour la confection des plans de l’école
communale de la Ville-Basse. Le maximum de
la dépense est fixé à 90,000 fr.

— Des peintures murales ont été découvertes
à l’église S* Léonard à Léau. Elles sont du XVm«
siècle. La plus importante représente un Juge-
ment dernier. Cette composition représente un
grand nombre de personnages de grandeur na-
turelle. M. J. Helbig est chargé de les restaurer.

— On dit beaucoup de bien de l’édifice à con-
struire à Bruxelles pour les expositions trien-
nales, sous le rapport du style. On le considère
comme un type de sobriété, d’élégance et de vraie
grandeur.

NOUVELLES D’ALLEMAGNE.

Exposition permanente à Dusseldorf. Décem-
bre. Chez Schulte, deux ravissantes Marines
d’André Achenbach et un Intérieur d'Eglise non
moins réussi. D’Oswald, un Groupe de pins sur le
chemin de Mondragone, avec vue sur la campagne
romaine, toile où l’on retrouve le large pinceau
du maître et son admirable talent à rendre les
feux du soleil couchant ; un portrait du prêtre