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150 —

1° Beadx-Arts ; 2e Produits manufacturés ;
5° Inventions scientifiques récentes et nou-
velles ; 4° Découvertes de toute nature.

Nous n’avons à nous occuper ici que de
ce qui entre dans le cadre des Beaux-Arts.
Nous abandonnerons donc le reste aux Jour-
naux et Revues intéressés dans la question.

C’est seulement alors la lre Division qui
doit subir notre examen. Or, nous avons à
voir 359 sujets de peinture et 79 objets de
sculpture, gravure, dessin et photographie
artistique.

Sur ces 438 objets, nous commencerons
par en mettre de côté 578, pour porter toute
notre attention sur une soixantaine qui ne
sont pas loin d’être des œuvres de maîtres.

Et d’abord, en suivant l’ordre du cata-
logue, nous nous trouvons en face de Louis
Artan, qui, dans son Clair de Lune (Marine),
montre tant de sentiment et de poétiques
combinaisons. Vient ensuite Théodore Baron
avec ses trois toiles : Cokem sur Moselle,
après-midi ; Soleil couchant, effet de neige ;
Beelsteèin sur Moselle, matinée. — Dans tout
cela, il y a de la hardiesse, de la vigueur,
une entente parfaite des effets climatériques.

Les Chênes de Modave, de Mademoiselle
Beernaert, s’élancent avec fierté et font beau-
coup d’effet. M. François Bossuet est un
spécialiste et je l’en loue très-fort. Son
architecture est excellente, son eau est belle,
claire, limpide, lorsqu’elle est calme, d’un
beau trouble lorsqu’elle est agitée. J’admire
sa perspective savante, ses tons chauds, ses
effets de lumière. Toutes ces qualités s’ac-
cusent dans sa Vue de Rome prise sur le Tibre
(à droite le tombeau d’Adrien, le château
SlAnge ; dans le fond, la Basilique de S^ierre);
elles s’affirment davantage encore dans sa
Vue de Naples, prise du quai de la Marinella.
L’Allée des Charmes, à Tervueren et le Prin-
temps (Brabant), de M. Hippolyte Boulanger
sont très-réussis. C’est là de la grande pein-
ture, avec de larges touches, une lumière
vraie, une nature prise sur le fait. M. Henri
Bource n’est représenté ici que par un seul
tableau, et je le regrette bien sincèrement.
Cette peinture est une des plus ravissantes
de la galerie. Je ne me lasse pas de contem-
pler cet Intérieur Hollandais, le Dimanche
après-midi. Cette vieille grand’mère qui lit
la Bible, pendant que sa fille, tout en écou-
tant près de la table, tient son gamin sur ses
genoux ; cette vieille m’est restée dans la
tête et j’en rêve à tout moment. Finesse de
ton, naturel de sentiment, poésie de cœur,
couleur tempérée mais juste, dessin mer-
veilleux : tout est dans ce petit tableau de
M. Bource. Parmi les marines de M. A. Bou-
vier, je cite particulièrement la Baie d’Alger.
Cet artiste fait de la peinture sérieuse : il
dessine très-finement, il sait faire moutonner
ses vagues et amonceler ses nuées. J’aime
beaucoup aussi les Vues de M. Jacques Cara-
bain. Excellent dessin, bonne lumière, ton

vrai. La Hollande doit être satisfaite de cette
Vue de l’Hôtel de Ville d’Alhnaar, de cette
Vue de la Grande Place à Bois-le-Duc, de cette
Vue de l’Hôtel-de-Ville de Kuilenburg.

Voici un autre genre, genre J. Breton, pour
lequel je me sens beaucoup de sympathie.
M. Modeste Carlier nous présente sa Chasse,
Diane nue avec son cor, sa Femme du Bûche-
ron, son Enfant à la chèvre, avec son panier :
figure ingénue, visage charmant. Ce dernier
sujet, genre Millais, est plein de poésie et de
sentiment. Le cœur est tout chez M. Carlier :
c’est le cœur qui dirige son pinceau. Sa
peinture est fine, délicate, rêveuse. L’exécu-
tion de plus en est extrêmement remarquable.
M. Ch. Ceriez fait de ravissantes petites
figures: on croirait [des Meissonier parfois.
Son Trompette d’ordonnance (Louis XIII) ;
son Savoyard (Louis XV) ; et surtout son
Paysagiste, sont délicieux de dessin, de cou-
leur, d’expression, de vie et d’harmonie. Le
paysagiste est superbe; moins fini peut-être
que les autres, mais détaché dans un admi-
rable et puissant relief. Pour moi, c’est un
petit chef-d’œuvre. Un élève de Troyon,
M. Léonce Chabry, a deux tableaux extrême-
ment remarquables. Ce Ravin à Olhette sur-
tout. Un joli sujet d’intérieur, vigoureuse-
ment touché, crânement peint, et composé
avec esprit, c’estle tableau de Th. Cleynhens,
d’Anvers, avec le titre Bibliomanie. Voyez
comme tout ce qui compose cet intérieur est
bien à sa place, quel ordre et quelle méthode
d’arrangement, quel admirable clair-obscur,
quel effet puissant! Mais je me demande où
sont les livres de ce bibliomane ; j’ai beau
chercher, je n’en trouve pas un. M. Gluyse-
naar peint avec une facilité merveilleuse, ce
qui n’exclut ni le sentiment, ni l’habileté
d’exécution. Voir et revoir ses trois toiles :
Régate, Manli-gras et l'Aumône. M. Coose-
mans est un artiste rêveur et poétique qui
s’enfonce dans une Allée de Hêtres, en
Automne; qui s’égare dans un Chemin creux,
à la fin de l’hiver ; qui plonge ses regards
dans les lointains mystérieux d’une Vue en
Campine. Voyez comme cette Babet de Dan-
saert est joliment enlevée ! Comme ce Musi-
cien des carrefours, ce Menuisier, cette Bou-
quetière, de Dauge, sont vrais, naturels et
hardiment conçus ! Comme ce Retour de la
Prairie (Flandre), et cette Sortie de l’Ecole
(Hiver), de de Beul sont spirituellement
pensés et habilement rendus ! M. E. De Block
est un peintre grave et sérieux. Il a de la
chaleur de ton, du mouvement, du senti-
ment, et sa main est aussi souple, aussi
légère que ses conceptions sont grandes et
délicates. Le Départ pour la pêche (Côtes de
Flandre) , L’Attente de la pêche (Côtes de
Flandre), Le Voile d’une Fiancée, appar-
tiennent à la magistrale peinture. C’est sévère
et digne, noble et beau. M. de Haas est un
dessinateur fort distingué et sa palette est
chaude autant que son pinceau est léger. Ces

vaches qui paissent dans les Pâturages aux
bords de la rivière, en Hollande, sont d’une
belle et bonne race. Elles donnent du lait en
abondance. Elles se nourrissent bien et elles
vivent en paix dans leurs prairies. L’Orien-
tale albanaise, la Femme turque, ont l’avan-
tage de passionner M. Cesare Dell’ Acqua.
Tant mieux : cette passion nous vaut deux
bons portraits. Pose vraie, touche hardie,
exécution soignée. Le Chien en arrêt, de
M. de Pratere, est très réussi, plein de
vigueur et de vérité.

J’arrive devant un artiste qui fait de la
peinture large et grandiose. Il affectionne
les bords enchantés des fleuves, les acci-
dents topographiques, les plans inclinés,
richement boisés ou luxueusement fleuris
des montagnes, les échappées de lumière
dans le vide des futaies. Toutes choses poé-
tiques et rêveuses capables de faire palpiter
un cœur sensible, capables d’émouvoir une
âme élevée. Combiner la réalité de la nature
avec un idéal de beauté grand et noble : tel
est le problème que nous paraît vouloir
résoudre M. de Schampheleer. Que le lecteur
aille contempler : La Meuse entre Dordrecht
et Rotterdam; et Fm d’Octobre, aux bords
de l’Amstel, près d'Amsterdam. J’ai déjà cité
une dame. J’en vais citer une autre. Mais
auparavant, je veux constater que les dames
belges qui se font citoyennes de la Répu-
blique des Arts, ne sont pas des femmes. Ce
sont des artistes masculins. Leur pinceau est
mâle et fier, leur couleur est solide et ferme,
leur crayon vigoureux et agile ; leur main
sûre et forte. Est-ce un reproche, tout ce
que je dis là? Il n’entre ni dans mon carac-
tère, ni dans mon cœur, ni dans ma natio-
nalité de n’être pas courtois et plus encore
galant. Mais je veux être vrai. Qu’ai-je besoin
d’en ajouter davantage? Oui, je veux que la
femme ne soit pas toujours l’être faible,
l’être protégé, l’être qu’on surveille, l’être
qu’on dirige. Comme l’homme, la femme a
deux pieds, deux mains, deux oreilles et
deux yeux. Elle a un cerveau aussi, une tête,
une pensée, une volonté. Qu’elle manifeste
tout cela, qu’elle le montre au soleil !

Vous avez raison, Mesdames les Belges,
soyez fortes et vigoureuses. Ayez du nerf et
du caractère ; ne soyez plus des poupées,
des hochets pour le bon plaisir et l’agrément
de ceux qui se sont dits si longtemps vos
seigneurs et vos maîtres. Que les femmes
de tous les pays agissent ainsi. Et les géné-
rations futures qui naîtront de mères sem-
blables, au lieu de dégénérer, de s’abâtardir,
reprendront, au contraire,la forcera vigueur,
la fierté, la noblesse qui caractérisaient les
générations antiques.

Cette digression arrivait fort à propos pour
vanter les qualités de la peinture de madame
Henriette Ronner, laquelle est une peinture
de la main d’un maître. Il est vrai que ma-
dame Ronner, quoique habitant Rruxelles,
 
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