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— 175 —

artistes des deux nations et confrontez-les
ensemble : Les Ingres, les Delacroix, les
Delaroche, les Meissonier, les Gérôme, les
Dupré, les Troyon, les Henriette Browne,
les Rosa Bonhen, les Doré, les Mlles Jacque-
mart, les Daubigny, les Rousseau, les Cour-
bet, les Corot, etc., d’un côté, et de l’autre
les John Phillip, les Frith, les Gilbert, les
Ansdell, les Armitage, les Landser, les Cal-
deron, les Dobson, les Grant, les Faed, les
Herbert, les Horsley, les Hogson, les Leigh-
ton, les Redgrave, les Sant, les Ihorburn, etc.
Par eux, la vérité de ce que j’avance saute
aux yeux.

Je ne parle pas de Millais qui fait excep-
tion, et qui n’est, son nom le dit, pas moins
français qu’anglais. Je ne parle pas d’Alma
Jadema, qui fait exception, et qui n’est, son
nom le dit, pas moins hollandais qu’anglais.
Je mets encore Haghe avec ce dernier, et
madame Bôdiclion avec le premier.

Défauts et qualités d’un côté, qualités et
défauts de l’autre : c’est l’éternel refrain de
la vie et de la nature humaine chez toutes
les nations.

Qui a le plus de défauts et le plus de qua-
lités? On répond à cette question d’après son
tempérament, sa nationalité, ses études, ses
goûts, ses points de vue. L’absolu, il faut le
mettre de côté, si l’on veut bien être sage.
C'est la diversité infinie dans l’unité relative
qui fait l’ensemble harmonieux, le tout com-
plet, l’univers. Il faut de la variété, des
nuances, pour faire ressortir la beauté, éta-
blir des contrastes et produire le chef-d’œuvre.
Il faut qu’il y ait des écoles dans chaque pays,
des écoles diverses, opposées, concurrentes
et rivales, pour établir cette émulation si
nécessaire au développement à la diffusion,
au progrès, à l’avancement des arts.

Je ne me plains pas, certes, de ce mouve-
ment civilisateur, de ce travail de la pensée
et de la main, de cette création artistique
qui se perpétue et se continue dans les siècles
qui se succèdent. Sans lui, où seraient les
musées, les collections publiques et les gale-
ries privées, où seraient les expositions et
les tournois artistiques? Sans lui, où serait
la lumière de la civilisation et l’amélioration,
la dignification et le perfectionnement de la
race humaine?

Travaillez donc, artistes, livrez des com-
bats à vos rivaux, des combats paisibles, car
le rouge de la palette n’est pas du sang
humain; battez-vous à coup de pinceau et
non à coups de fusil; que les vainqueurs ne
soient pas des meurtriers et que les vaincus
ne soient ni prisonniers ni étendus morts sur
le champ de bataille!

Vous avez bien mérité de la patrie qui vous
a vus naître, et de la patrie qui vous conduit
sur la route des honneurs et de la gloire, de
la fortune et de la renommée : de la Répu-
blique des Arts.

L. R. de Sainte-Croix.

LES FAMEUSES TAPISSERIES
DE SALAMANQUE.

Nous avons assisté il y a quelque mois à
une de ces ventes qui font époque dans l’his-
toire mercantile des arts. Les marteaux des
Auctioneers Christie, Manson et Woods ont
dispersé cette précieuse et unique collection
de tapisseries, ces splendides et célèbres
tableaux qui se déroulaient autrefois sur les
murailles des palais du marquis de Sala-
manque à Madrid et Vista Allegro. Ces ma-

gnifiques tapisseries qui ont miraculeusement
échappé à l’incendie terrible qui a consumé
dernièrement la plus grande partie du Pan-
technicon de Belgravia, dans la métropole
anglaise, forment peut-être la plus belle et
la plus riche collection de ce genre qui ait
jamais été publiquement exposée à Londres,
et certainement au moins, qui ait été déployée
contre les murs d’un commissaire-priseur.

Il y a une dizaine d’armées, un lot de huit
ou dix pièces de tapisseries, dont le dessin
était attribué à Jules Romain, fut exhibé
par M. George Attenborough. Provenant
d’un de ces vieux palais de Venise, elles
étaient toutes de même fabrique, et différaient
essentiellement de celles qui sont devant nos
yeux, quant au style et à la fabrication. Ces
tapisseries de Salamanque, au contraire,
varient en fabrication comme en style. Plu-
sieurs sont de ce travail flamand si connu du
xvie et du xvne siècle. Un grand panneau de
12 pieds 6 pouces de hauteur sur 18 pieds
6 pouces de largeur, porte la signature de
« JANI FVNIERS». D’autres sont de facture
espagnole du xvne siècle, en laine, avec du
fil d’or et d’argent sur les lumières; proba-
blement que les artistes flamands de cette
profession, qui travaillaient à Madrid et à
Barcelone, s’occupaient de représenter des
sujets espagnols : témoin le lot n° 118 qui
montre « Don Galeran appointant le prince
de Barcelone comme général de son armée»;
témoin le n° 114 où l’on voit « Galeran de
Catalusia visitant l’église de Saint-Etienne».

Une très-intéressante vieillepièce, delarges
dimensions, représente des « personnages
qui viennent faire hommage au roi de Gre-
nade»; elleest ornée d’une ravissante bordure
de fleurs, avec des figures de demi-largeur
aux angles, et les cottes d’armes de la famille
Galeran. Cette précieuse tapisserie est sup-
posée être d’un travail Barcelonais du
xvie siècle. Elle est en laine filée, avec des
lumières faites de fil d’or et d’argent, dans la
méthode généralement adoptée pour toutes
les tapisseries de haut prix et de travail
soigné, comme celles qui sont conservées
au palais d’Hampton Court, et les magnifiques
Raphaël du Vatican, dont la Galerie natio-
nale de Londres possède les admirables car-
tons, précieusementgardésà South Kensing-
ton Muséum.

Ainsi qu’on peut l’observer dans les tapis-
series que nous avons devant les yeux, et
généralement dans celles de la même espèce,
l’or et l’argent sont ternis par le temps, et cet
éclat brillant qui resplendissait autrefois, est
aujourd’hui disparu, pour faire place à une
couleur grisâtre et sale : malgré cela, l’aspect
de ces tableaux est riche, harmonieux et
puissant. Qu’on se représente alors ces ma-
gnifiques pièces dans toute la splendeur de
leur jeune âge, avec ce mélange heureux des
plus vives couleurs, avec ces éclatantes lu-
mières d’or et d’argent qui étincelaient le
jour aux rayons du soleil, et le soir aux
faisceaux des lampes, des bougies et des
lustres !

Avec ces superbes pièces tout de laine,
s’en trouvent plusieurs entièrement faites
de soie. Dans celles-ci, on admire une com-
binaison de travail et de broderie, qui fait à
peu près l’effet des vieilles et ravissantes
verrières du moyen-âge. De fortes couleurs
dans les reliefs contrastent harmonieusement
avec les formes architecturales formant des
tableaux séparés, dont le dessin est aussi fin
que la peinture en est brillante.

Nous avons ici cinq pièces de cette sorte-
qu’on ne se lasse pas de contempler.

Que représentent-elles? Le sujet assuré-
ment est allégorique ou emblématique. On y
voit «Afrique dans un chariot traîné par des
lions, » — « Vénus dans son char avec ses
tourterelles», — «Apollon avec ses chevaux
et le soleil», — «Saturne traîné par des
dragons », — » Jupiter sur son chariot avec
son aigle». L’entablement est architectural,
orné de guirlandes et de festons de fleurs.

Ce n’est pas tout encore. Nous avons devant
nos yeux une autre espèce de tapisseries,
également de haute lisse et de large dimen-
sion. Elles viennent des manufactures fran-
çaises. Plusieurs sont d’une grande beauté :
il faut particulièrement citer ces quatre
panneaux de Gobelins qui furent offerts par
Louis XIV au comte d’Aranda, alors ambassa-
deur d’Espagne à Paris. Ils ont beaucoup de
ressemblance avec ceux qui décorent le grand
salon du château de Windsor, dont deux
furent prêtés par la reine, en 1857, à l’Expo-
sition des Trésors d’art, à Manchester.

Des quatre chefs-d’œuvre que nous ad-
mirions chez MM. Christie et C'e, deux étaient
signés Cozette, 1774, et un autre Audran,
1773.

Les sujets reproduits sont pris de la-
fable de « Jason et Médée». Le traitement
quoique splendide, ne laisse pas que de
trahir l’extravagance artistique de l’époque
où ils ont été exécutés. La peinture est en-
tourée d’une bordure qui imite la dorure d’un
cadre. Au front sont brodées les armes de
France, et dans les coins des fleurs de lis.

Enfin l’exhibition Christie montrait plu-
sieurs pièces d’Aubusson d’un superbe tra-
vail, et d’autant plus précieuses qu’ony lit les
initiales «P. II.» — avec le nom d’«Aubus-
soti ».

Tels sont les trésors que les auctioneers
Christie, Manson et Woods ont adjugés au
dernier et plus offrant enchérisseur.

LES TROIS GRACES CHRÉTIENNES.

PEINTURE DE IIICKS ; GRAVURE DE HOLL.

Parmi les ouvrages que les arts ont pro-
duits pour représenter les grâces chré-
tiennes, je connais surtout trois œuvres
charmantes : Le bénitier de Saint-Germain
l’Auxerrois, la peinture de Dubule et le
groupe de Thorwaldsen.

Une merveilleuse femme avait imaginé le
premier sujet si délicieusement fouillé dans
le marbre, pendant que son illustre mari
écrivait des lignes qui sont dans la mémoire
de tout le monde. ■—- Le ravissant groupe
du célèbre Danois nous montre la Charité
figurée par un ange assis aur un siège élevé,
étendant ses ailes au-dessus des deux autres
figures, la Foi à genoux en prière, et YEspé-
rance qui tient une fleur à la main.

Mais voici une œuvre nouvelle pour re-
présenter les trois païennes sœurs régé-
nérées par le baptême chrétien. C’est une
peinture qui a été reproduite par le burin,
pièce précieuse, assurément, qui fait hon-
neur au talent du traducteur autant qu’à
celui de l’auteur original. La manière d’ima-
giner le sujet, comme la manière de le
rendre, est toute particulière : une réminis-
cence antique illuminée par un rayon céleste,
les trois sœurs des Grecs sanctifiées par la
religion du Christ.

Le tableau que nous avons devant nous
 
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