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LE MOUTON ALGÉRIEN
était plus difficile et dépend de l’état général du pays. Dans le Sud, la
sécheresse est souvent si persistante que le pays, totalement desséché,
ne fournit plus la nourriture, surtout l’eau nécessaire aux troupeaux.
La mortalité est alors considérable; de sorte que, tous les trois ou
quatre ans, les éleveurs voient leur fortune anéantie et leurs troupeaux
périodiquement ramenés au point de départ.
Pour parer à ces épizooties périodiques, on essaya de créer, près des
sources, des abris et des approvisionnements de fourrages; mais le
Sahara ne produit pas de prairies propres à réaliser des approvision-
nements considérables ; le seul mode d’alimentation est le pacage
libre sur des superficies considérables où l’on trouve surtout des
plantes salées qui, très nutritives lorsqu’elles sont fraîches, ne sont
plus que dubois lorsqu’elles sont desséchées (atêb, bois, en arabe).
Même dans les meilleures années, elles sont rares, et les troupeaux,
pour se sustenter, sont obligés de parcourir de grands espaces ; la
transhumance et le déplacement continuel sont obligatoires.
De là une impossibilité matérielle de préserver les troupeaux d’une
mortalité si malheureuse à l’aide de réserves de fourrages, et l’inuti-
lité d’abris que l’on ne peut emporter avec soi.
On en construisit cependant près des sources, et on réunit aussi,
sur les points les plus habituellement fréquentés, des approvisionne-
ments de fourrages et d’orge, denrée qui, sous un petit volume, con-
tient beaucoup de nourriture. Mais, en vérité, ce ne fut là qu’un pal-
liatif, et, après beaucoup d’etforts et de dépenses dans ce sens, les
résultats furent si peu sensibles que les indigènes y renoncèrent à
peu près complètement.
Le vrai et seul moyen est la recherche de l’eau ; et nul travail et nulle
dépense ne doivent être comptés pour en trouver dans le Sahara ou
pour recueillir et conserver celle qui y tombe. Nous verrons bientôt,
à la question Mzab, les travaux gigantesques que Margueritte entreprit
dans le but de réaliser ce projet.
Toute innovation en matière d’amélioration de races est difficile,
longue et sujette à des tâtonnements. Les croisements avec de bons
reproducteurs, possédant les qualités que l’on veut donner à la race
à améliorer, constituent la méthode la plus simple et la plus expédi-
tive. C’est aussi la première résolution que l’on mit en œuvre. Au
commencement de 1856 on fit venir de Rambouillet 14 béliers mé-
rinos donnés par le gouvernement de la métropole.
Un d’eux mourut en route, les autres parvinrent au troupeau mo-
LE MOUTON ALGÉRIEN
était plus difficile et dépend de l’état général du pays. Dans le Sud, la
sécheresse est souvent si persistante que le pays, totalement desséché,
ne fournit plus la nourriture, surtout l’eau nécessaire aux troupeaux.
La mortalité est alors considérable; de sorte que, tous les trois ou
quatre ans, les éleveurs voient leur fortune anéantie et leurs troupeaux
périodiquement ramenés au point de départ.
Pour parer à ces épizooties périodiques, on essaya de créer, près des
sources, des abris et des approvisionnements de fourrages; mais le
Sahara ne produit pas de prairies propres à réaliser des approvision-
nements considérables ; le seul mode d’alimentation est le pacage
libre sur des superficies considérables où l’on trouve surtout des
plantes salées qui, très nutritives lorsqu’elles sont fraîches, ne sont
plus que dubois lorsqu’elles sont desséchées (atêb, bois, en arabe).
Même dans les meilleures années, elles sont rares, et les troupeaux,
pour se sustenter, sont obligés de parcourir de grands espaces ; la
transhumance et le déplacement continuel sont obligatoires.
De là une impossibilité matérielle de préserver les troupeaux d’une
mortalité si malheureuse à l’aide de réserves de fourrages, et l’inuti-
lité d’abris que l’on ne peut emporter avec soi.
On en construisit cependant près des sources, et on réunit aussi,
sur les points les plus habituellement fréquentés, des approvisionne-
ments de fourrages et d’orge, denrée qui, sous un petit volume, con-
tient beaucoup de nourriture. Mais, en vérité, ce ne fut là qu’un pal-
liatif, et, après beaucoup d’etforts et de dépenses dans ce sens, les
résultats furent si peu sensibles que les indigènes y renoncèrent à
peu près complètement.
Le vrai et seul moyen est la recherche de l’eau ; et nul travail et nulle
dépense ne doivent être comptés pour en trouver dans le Sahara ou
pour recueillir et conserver celle qui y tombe. Nous verrons bientôt,
à la question Mzab, les travaux gigantesques que Margueritte entreprit
dans le but de réaliser ce projet.
Toute innovation en matière d’amélioration de races est difficile,
longue et sujette à des tâtonnements. Les croisements avec de bons
reproducteurs, possédant les qualités que l’on veut donner à la race
à améliorer, constituent la méthode la plus simple et la plus expédi-
tive. C’est aussi la première résolution que l’on mit en œuvre. Au
commencement de 1856 on fit venir de Rambouillet 14 béliers mé-
rinos donnés par le gouvernement de la métropole.
Un d’eux mourut en route, les autres parvinrent au troupeau mo-