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TROIS INSCRIPTIONS DE LA REINE HATSHEPSOU
lieu l'an I cle Thoutmès II, reconnaissaient alors la suzeraineté de l'Egypte et permirent
à Thoutmès III cle se tourner du côté de l'Asie.
Pour trouver un dépôt de fondation plus ancien que celui que j'ai découvert dans le
couloir du temple de Déir el-Bahari, il faut remonter jusqu'à celui de Kahun de la
XII0 dynastie'. Mais il est un texte fameux dont jusqu'à présent nous n'avons pas trouvé
l'origine à une époque plus reculée que le règne de Hatshepsou, c'est celui de la nais-
sance miraculeuse du souverain dont Ammon est considéré comme le père. ChampoIIion
déjà avait remarqué dans le temple de Luxor la chambre de la naissance d'Améno-
phis III. Il en avait reconnu les scènes principales, depuis l'apparition du dieu à la mère
du roi jusqu'à ce que nous appellerions le baptême du roi par Thoth. Cette légende cu-
rieuse, qui est répétée à propos cle La naissance de presque tous les dieux, à Philas2, à
Esnèh, à Eclfou, à Dendérah, ce n'est pas Aménophis III qui l'a inventée. Ce roi s'était
borné à faire copier sur les murailles de son temple et à faire adapter à sa personne ce
qu'il avait vu sur le mur cle la terrasse du centre à Déir el-Bahari. Là, toutes les scènes
de Luxor se voyaient au complet, il y avait même plus cle détails. Ainsi on peut voir à
Déir el-Bahari ce qui manque rarement clans les temples ptolémaïques qui nous décri-
vent la naissance des dieux : Anubis roulant devant lui le disque lunaire. Cela me paraît
signifier que ce dieu est chargé de compter les mois au bout desquels l'enfant doit naître.
Les inscriptions de la naissance et cle l'éducation de la reine ont été martelées avec
soin; les personnages ont été restaurés en partie et maladroitement sous Ramsès II.
Seules, les admirables représentations cle la reine Aahmès, la mère cle Hatshepsou, ont
été conservées intactes avec celles du roi Thoutmès Ier et du clieuToum d'Héliopolis. Ces
martelages ne doivent pas tous être attribués à Thoutmès III. Evidemment Améno-
phis IV a passé par là. Se trouvant devant la description cle la naissance et cle la jeunesse
d'une reine qui prétendait avoir Ammon pour père, et à l'éducation cle laquelle Ammon
avait présidé, Aménophis IV avait beau jeu pour assouvir la haine qu'il ressentait contre
le culte du grand dieu de Thèbes. Il a achevé la destruction qu'avait commencée le neveu,
et ce qui le prouve, c'est que parmi tous les dieux représentés sur cette muraille, il n'a
épargné que deux figures de Toum, le dieu d'Héliopolis, dont il était un fervent adora-
teur, et dont il chercha à établir Te culte dans toute l'Egypte, en opposition à celui
d'Ammon.
Ces inscriptions (levant être l'objet de la seconde livraison de la grande publication
de Déir el-Bahari, je les laisserai de côté pour le moment, et je me bornerai à trois textes
qui ont un caractère historique, deux surtout, celui de l'intronisation et le décret de
l'an IX. Tous trois sont martelés d'un bout à l'autre; c'est la cause des nombreuses
lacunes qui s'y trouvent. Ils sont tous trois difficiles à voir et à copier; aussi, malgré plu-
sieurs revisions successives, je ne me flatte pas d'être arrivé à l'exactitude complète.
Une inscription cle cette nature, clans laquelle il y a beaucoup cle parties douteuses, ne
1. Pétrie, Kahun, Gurob and Haœara, p. 22.
2. A Philse, quoique Horus soit appelé le fils d'Osiris, ou voit cependant le tableau qui accompagne tou-
jours le récit de l'apparition d'Ammon à la mère du roi.
TROIS INSCRIPTIONS DE LA REINE HATSHEPSOU
lieu l'an I cle Thoutmès II, reconnaissaient alors la suzeraineté de l'Egypte et permirent
à Thoutmès III cle se tourner du côté de l'Asie.
Pour trouver un dépôt de fondation plus ancien que celui que j'ai découvert dans le
couloir du temple de Déir el-Bahari, il faut remonter jusqu'à celui de Kahun de la
XII0 dynastie'. Mais il est un texte fameux dont jusqu'à présent nous n'avons pas trouvé
l'origine à une époque plus reculée que le règne de Hatshepsou, c'est celui de la nais-
sance miraculeuse du souverain dont Ammon est considéré comme le père. ChampoIIion
déjà avait remarqué dans le temple de Luxor la chambre de la naissance d'Améno-
phis III. Il en avait reconnu les scènes principales, depuis l'apparition du dieu à la mère
du roi jusqu'à ce que nous appellerions le baptême du roi par Thoth. Cette légende cu-
rieuse, qui est répétée à propos cle La naissance de presque tous les dieux, à Philas2, à
Esnèh, à Eclfou, à Dendérah, ce n'est pas Aménophis III qui l'a inventée. Ce roi s'était
borné à faire copier sur les murailles de son temple et à faire adapter à sa personne ce
qu'il avait vu sur le mur cle la terrasse du centre à Déir el-Bahari. Là, toutes les scènes
de Luxor se voyaient au complet, il y avait même plus cle détails. Ainsi on peut voir à
Déir el-Bahari ce qui manque rarement clans les temples ptolémaïques qui nous décri-
vent la naissance des dieux : Anubis roulant devant lui le disque lunaire. Cela me paraît
signifier que ce dieu est chargé de compter les mois au bout desquels l'enfant doit naître.
Les inscriptions de la naissance et cle l'éducation de la reine ont été martelées avec
soin; les personnages ont été restaurés en partie et maladroitement sous Ramsès II.
Seules, les admirables représentations cle la reine Aahmès, la mère cle Hatshepsou, ont
été conservées intactes avec celles du roi Thoutmès Ier et du clieuToum d'Héliopolis. Ces
martelages ne doivent pas tous être attribués à Thoutmès III. Evidemment Améno-
phis IV a passé par là. Se trouvant devant la description cle la naissance et cle la jeunesse
d'une reine qui prétendait avoir Ammon pour père, et à l'éducation cle laquelle Ammon
avait présidé, Aménophis IV avait beau jeu pour assouvir la haine qu'il ressentait contre
le culte du grand dieu de Thèbes. Il a achevé la destruction qu'avait commencée le neveu,
et ce qui le prouve, c'est que parmi tous les dieux représentés sur cette muraille, il n'a
épargné que deux figures de Toum, le dieu d'Héliopolis, dont il était un fervent adora-
teur, et dont il chercha à établir Te culte dans toute l'Egypte, en opposition à celui
d'Ammon.
Ces inscriptions (levant être l'objet de la seconde livraison de la grande publication
de Déir el-Bahari, je les laisserai de côté pour le moment, et je me bornerai à trois textes
qui ont un caractère historique, deux surtout, celui de l'intronisation et le décret de
l'an IX. Tous trois sont martelés d'un bout à l'autre; c'est la cause des nombreuses
lacunes qui s'y trouvent. Ils sont tous trois difficiles à voir et à copier; aussi, malgré plu-
sieurs revisions successives, je ne me flatte pas d'être arrivé à l'exactitude complète.
Une inscription cle cette nature, clans laquelle il y a beaucoup cle parties douteuses, ne
1. Pétrie, Kahun, Gurob and Haœara, p. 22.
2. A Philse, quoique Horus soit appelé le fils d'Osiris, ou voit cependant le tableau qui accompagne tou-
jours le récit de l'apparition d'Ammon à la mère du roi.