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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Hrsg.]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Hrsg.]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 21.1899

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Nr. 3-4
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Bourdais: La source divine et générale, conception chaldéenne: dans les monuments figurés des collections à Paris
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https://doi.org/10.11588/diglit.12428#0189

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LA SOURCE DIVINE ET GÉNÉRALE

longues faces duquel les Naïades se passaient de main en main le vase, source mysté-
rieuse, d'où l'eau divine jaillissait en double flot1.

Et si l'on ne rencontreras une eau réelle, près des statues de génies que V. Place a
trouvées au palais de Khorsabad, et du haut en bas desquelles coulaient les quatre
fleuves divins, ces fleuves, envisagés sous leur aspect sacré, étaient pourtant placés pré-
cisément à l'entrée du harem, en avant de celle des portes du palais, nommée aujour-
d'hui par les Orientaux « la Porte de Félicité », c'est-à-clire près du lieu où le monarque
goûtait les délices de ce repos inséparable de l'idée de fraîcheur dans les conceptions
orientales. Cette remarque est due à M. Heuzey2. La représentation de la source divine,
à Khorsabad, empruntée aux traditions chaldéennes, paraît de la sorte avoir été mise,
elle aussi, en rapport avec les eaux rafraîchissantes, l'un des luxes des palais orientaux.
Les palais orientaux matériels le présentèrent, depuis le bassin de Tello jusqu'à la
Tazza de los Leones, déversant de sa double vasque une eau pure dans les quatre
rigoles qui coupent, comme les bras d'une croix, le dallage du plus renommé des patios
de l'Alhambra. Les palais de l'autre monde, dans les conceptions des Orientaux, offrent
ce même attrait. David disait à Yahwé, en parlant des Justes qui seront admis dans la
résidence divine :

« Vous les abreuverez au torrent de votre Éden3. »

Et Mahomet a parlé ainsi des « fidèles serviteurs de Dieu » :

« On fera passer à la ronde la coupe remplie d'une source d'eau limpide et d'un
» goût délicieux pour ceux qui la boiront4. »

« Les hommes pieux seront dans un lieu sûr, au milieu de jardins et de sources
» d'eau5. »

A l'inverse de ce qui se voyait à l'entrée du harem du palais de Khorsabad, c'est
au groupe des quatre fleuves que j'attribuerais volontiers le caractère profane, et à l'eau
nommée en premier lieu, distincte de ce groupe, que je prêterais préférablement le
caractère divin, dans la description, tout empreinte de la couleur chaldéenne, qui est
donnée de la terre au second chapitre de la Genèse. Là sont mentionnées les quatre
sources des grands fleuves (rôs = assyrien risu) de la terre, dans leur réalité * géogra-
phique et sous leur aspect tout profane. En regard d'elles, est placée la source divine,
laquelle les alimente toutes quatre, encore actuellement, on ne sait trop comment;
mais trahit quelque origine divine et avait pour destination première de procurer
l'irrigation du jardin d'Éden, résidence divine qui ne se retrouve plus à présent sur
la terre.

1. Les débris de ce bassin sont au Louvre, Salle des petits Monuments asiatiques. Voy., sur ces deux
fragments", Heuzey, Les Origines orientales de l'Art, livr. 2 et 3, p. 153-156, 171; de Sarzec, Découvertes en
Chaldée, p. 16.

2. Voy. loc. cit., p. 171.

3. Ps., xxxvi, 9.

4. Coran, Sourate XXXVII, v. 44.

5. Cohan, Sourate XLV, v. 51.
 
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