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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Hrsg.]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Hrsg.]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 21.1899

DOI Heft:
Nr. 3-4
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Chabas, François-Joseph: Lettre à M. Cerquant sur la mythologie égyptienne
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https://doi.org/10.11588/diglit.12428#0207

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196

LETTRE SUR LA MYTHOLOGIE ÉGYPTIENNE

On comprend maintenant pourquoi les Égyptiens nommaient la mort Varrivée à
l'Occident, et se souhaitaient les uns aux autres un bon Occident après une longue
vieillesse. Le coucher du soleil était assimilé à la mort, et son lever à la résurrection.
Aussi Osiris, dieu qui a souffert la mort, fut-il de bonne heure assimilé au soleil de la
nuit; l'un de ses noms, Khentament, signifie celui qui est dans l'Ament, — l'Occident,
— et, tandis que Phra est essentiellement le seigneur de l'Empyrée, le ciel d'en haut,
Osiris est le seigneur du Seba, le ciel d'en bas.

Mais ni Phra, ni Osiris, non plus d'ailleurs qu'Ammon, ni Ptah, ni aucune autre
individualité divine, ne représente complètement ni exclusivement le dieu de l'Egypte.
Les prêtres enseignaient la science sacrée dans laquelle étaient énumérés les noms, les
formes et les virtualités des types divins, et cette science des mythes servait de passe-
port et de moyen de salut pendant les épreuves de la vie, de la mort et des pérégrina-
tions d'outre-tombe. Cependant, les initiés savaient très bien que Dieu est une puissance
unique, existant avant toute chose, ayant créé les dieux, les créatures, le monde ma-
tériel et celui des idées, et n'ayant ni nom qu'on puisse prononcer, ni forme qu'on puisse
apercevoir ou imaginer.

Une telle abstraction n'était pas compatible avec les idées d'un peuple tel que les
Égyptiens, grands partisans des pompes monumentales : il leur fallait, comme aux
Hébreux, des dieux marchant devant eux. C'est pour ce motif qu'à côté de l'idée la
plus grandiose et la plus exacte que l'homme puisse se faire de la divinité, on vit se
développer un polythéisme apparent, dont les ramifications descendaient jusqu'au féti-
chisme, et cela par une série de dérivations et de combinaisons dont nous pouvons déjà
saisir le mécanisme.

En somme, la mythologie égyptienne est un abîme plus vaste et plus profond que
le Nun. Nous commençons à soulever la voûte qui va nous donner un terrain solide
pour rétablir les membres du dieu et organiser le chaos : qu'Osiris et Thoth nous
viennent en aide !

Non seulement la donnée pure du dieu égyptien ne suffisait pas pour les besoins du
culte public, elle était même insuffisante pour la dévotion des initiés et pour l'enthou-
siasme des poètes religieux. Chez nous, les manifestations religieuses s'adressent rare-
ment à Dieu le Père : églises et sanctuaires sont placés sous l'invocation de la Vierge,
des Saints, du Christ, du Cœur du Christ ou de certains faits religieux; prières et
hymnes sont inspirés surtout par les actes de la divinité en rapport avec la créature. Il
en était de même chez les Égyptiens : c'est pour ce motif qu'on trouve indifféremment
Ammon, Ptah, Khpra, Phra, Tum, Schou, etc., invoqués comme dieux uniques,
auteurs de toute chose, pères des dieux. Le prêtre égyptien savait bien que ces noms
n'étaient que des voiles laissant apparaître certains caractères spéciaux du vrai Dieu,
personnifiant certains actes ou événements de la cosmogonie.

Tous ces dieux et même Ptah sont alors dépeints comme conduisant le soleil,
comme auteurs de la lumière, comme ayant pour corps le disque même de l'astre. C'est
ainsi qu'Osiris, bien qu'il soit spécialement le soleil mort, c'est-à-dire vaincu et ense-
veli par les ténèbres de la nuit, est lui-même glorifié comme soleil brillant à Vhorizon,
 
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