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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Hrsg.]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Hrsg.]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 23.1901

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Nr. 1-2
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Groff, William: La momie du roi Mer-en-ptah Ba-en-ra
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https://doi.org/10.11588/diglit.12426#0043

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LA MOMIE DU ROI MER-EN-PTAH BA-EN-RA

37

maudire l'âme cl'Amenmésès, non plus que celle d'un des derniers rois cle la XXe dynastie,
encore moins celle d'Hor-em-heb ou de Her-hor. Enfin, Ra-men-kheper fut un grand
prêtre d'Amen lui-même. Il ne reste donc que les derniers rois cle la XVIIIe dynastie;
mais, sauf un seul d'entre eux, ils ne paraissent pas avoir été des ennemis acharnés du
culte d'Amen. On peut même croire qu'il y eut entente entre eux et le clergé; on
comprend bien que les prêtres d'Amen ne se seraient pas préoccupés à sauvegarder
les corps de ces rois, mais la haine du clergé contre eux doit être arrêtée au seuil de
leurs tombeaux. De tous ces rois il ne reste donc qu'un seul, Khu-en-aten. Il serait
bien intéressant que la momie anonyme fût celle du grand adversaire du culte et du
sacerdoce d'Amen1.

Le tombeau d'Aménophis IV a été détruit, son sarcophage a été brisé, peut-être,
en cinq cents fragments par ou à l'instigation des prêtres d'Amen; il paraît qu'il y avait
des fragments d'étoffe dans le tombeau, ce qui porterait à croire que sa momie fut
détruite2. Mais rien ne nous prouve que Khu-en-aten y fut jamais enseveli; de plus,
la destruction de son corps n'aurait fait, selon les croyances cle ces temps-là, que tuer
son âme dans l'autre monde, ce qui n'aurait pas suffi à apaiser la rage du clergé contre
lui, il leur aurait fallu maudire son âme, dans l'autre monde, pour tout temps et
l'éternité. C'est bien, sans nom ou aucune indication qui révélerait son identité,
soigneusement conservée par les prêtres d'Amen, mais cousue dans une peau de
mouton et dans un sarcophage probablement usurpé, en tout cas sans un nom sur lui,
qu'on devrait trouver la momie de Khu-en-aten3. IL paraît bien que le personnage dont
la momie est anonyme serait mort empoisonné; il est bien possible qu'Aménophis IV
ait été assassiné par ou à l'instigation des prêtres d'Amen. Peut-être le jour viendra-
t-il où le voile qui couvre l'identité de la momie anonyme sera levé, alors on saura
qui il fut; mais, en tout cas, pour le moment, aucune identification n'est plus plausible
que de reconnaître que c'est celle du grand adversaire du culte et du clergé d'Amen,
le roi Amênophis IV, c'est-à-dire Khu-en-aten*.

* *

Il y a des jours dans la vie, même des plus tristes, qu'on aime à se rappeler et à
dire : « Alors je fus heureux, » de même que la vie d'un homme est celle d'un peuple.
Des chagrins du présent font oublier ceux du passé, et on se plaît à se rappeler les
gloires d'autrefois; chez les Égyptiens on supposait, comme des réminiscences d'en-
fance, qu'il y avait eu, dans un passé lointain, un temps de parfait bonheur. Bien plus

1. Voyez mes observations dans le Bulletin de l'Institut égyptien, 1898, p. 238, etc.

2. Communication verbale de M. Barsanti.

3. Peut-être fut-on, en quelque sorte, fasciné d'borreur par lui (comme un oiseau par un serpent), on le
détestait trop pour détruire son corps, mais on le gardait et maudissait ainsi son âme.

4. Le visage de la momie ne paraît pas correspondre bien à celui de Khu-en-aten, tel qu'on le voit dans
les représentations de ce roi, mais où il a été, peut-être, changé. — A ce sujet, voyez Maspero, Histoire des
Peuples de l'Orient classique, t. II, p. 325, 326 et 330 (et illustrations); cf. Mémoires de la Mission archéo-
logique française au Caire, t. I, p. 550, etc., et pl. IX. J'espère revenir sur ce sujet.
 
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