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Revue égyptologique — 1.1880

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Nr. 2-3
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Revillout, Eugène: Union légitimée après séduction
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https://doi.org/10.11588/diglit.10048#0138

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Eugène Revillout.

« A écrit Amenhotep, fils de Hereius. »

Au dos de l'acte se trouvent les noms des 16 témoins légaux.

Nous avons eu l'occasion de dire dans un précédent article que dans tous les contrats
de mariage égyptiens on lisait toujours, quelques lignes après la formule : «je t'ai prise pour
femme», cette phrase, au futur, qui semble contradictoire : «je t'établirai pour femme». Ici, au
contraire, on lit de suite au passé : «je t'ai établie pour femme ». J'avais donc pensé d'abord
qu'il fallait pour le mariage deux actes notariés, consécutifs, absolument comme les deux actes
pour argent et de cession nécessaires pour toute vente. U établissement pour femme toujours
annoncé dans la prise pour femme semblait favorable à cette opinion. Mais un examen plus
attentif de notre acte de Londres, qui lui servait de base, et que je n'avais pu primitivement
qu'analyser d'après une copie trop hâtive, me permet maintenant d'affirmer qu'il ne s'agit
point ici d'un second acte légal et ordinaire, mais d'un contrat tout exceptionnel. C'est à cause
de ce point de vue exceptionnel que Petkes insiste tant sur la reconnaissance explicite de
son union légitime : « Je t'ai établie pour femme. Je t'abandonne ton droit d'épouse. Je n'ai
» aucune objection à faire à ton droit d'épouse. Je te reconnais devant quiconque au monde.
» Je n'ai rien à dire à cela. Tu es ma femme. C'est moi qui t'affirme que je suis devenu
» ton mari etc. » C'est pour cela aussi que ce mari malgré lui est obligé de faire, d'une façon
si étrange, la cession de tout son actif, cession qui paraît avoir été le côté tellement essentiel
de l'acte qu'on l'avait seul prévu d'abord dans les deux sous seings privés antérieurs. C'est
pour cela, enfin, que ce singulier époux, qui abandonne tout à sa femme, lui permet cependant
d'aller où elle voudra sans qu'il puisse s'y opposer. Evidemment nous avons affaire à une
sorte de mariage fictif, dont les avantages seuls, (à cause des torts présumés de l'autre partie,)
étaient accordés à la femme. De la sorte son enfant, si elle en avait eu, pouvait être légitime,
elle-même se trouvait dotée, et pourtant elle restait absolument libre de sa personne. C'est,
à peu de chose près, l'aventure que nous raconte le roman de Setna, que j'ai traduit et com-
menté. On sait que le jeune prince s'était épris d'une fille, nommée Tabubu. Celle-ci employa
tous les moyens pour le séduire et enflammer sa passion jusqu'à la folie; puis, quand elle
l'eut emmené chez elle, l'eut mis hors de lui par les recettes de la coquetterie la moins
réservée, quand les instances de Setna furent devenues de plus en plus vives, trahissant le
trouble extrême de son esprit, elle lui répondit tranquillement : « Tu y arriveras. — Ta maison
» est celle où tu es. — Moi je suis sainte. — Je ne suis pas une personne du commun. —
» Est-ce que si tu veux faire ce que tu désires avec moi, tu ne me feras pas un écrit d'ad-
»juration et un écrit pour argent sur la totalité des biens qui t'appartiennent ? » Setna en
passa par ces conditions. Sur de nouvelles exigences, il fit même plus encore. Il força
d'abord ses enfants à signer à l'acte qui les dépossédait, puis il ordonna même de les faire
mourir pour contenter sa maîtresse. Mais enfin les dieux, satisfaits d'avoir prouvé à Setna,
qui aspirait à acquérir par des moyens magiques la souveraine sagesse, combien peu il y
était arrivé, les dieux, dis-je, le secoururent dans sa détresse, firent disparaître le démon
femelle qui l'obsédait et lui rendirent même ses enfants.

Le dénouement de l'aventure fut doue favorable à Setna. Les dieux voulaient seule-
ment lui donner une leçon, et le jeune prince revint à une idée plus saine de sa situation
et de ses devoirs. Quant à Petkes, nous ne savons si la leçon lui profita aussi bien. Il nous
 
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