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Revue égyptologique — 1.1880

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Nr. 4
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Revillout, Eugène: Les arts égyptiens: (Étude du papyrus 65 de Leyde)
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https://doi.org/10.11588/diglit.10048#0194

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Eugène Eevillout.

La croyance aux sorciers d'Egypte était eu effet générale à cette époque dans tous les
partis et toutes les religions. On n'a pour s'en assurer qu'à lire Porphyre Jamblique et
Origène lui-même, Origène2 qui dans sa réponse à Celse s'appuie également sur les prodiges

1 M. Chabas (papyrus magique Harris, p. 181) a déjà cité ce passage de Porphyre, qui, en dépit des
réserves posées par ce grand esprit atteste bien la croyance générale à la vertu des incantations les plus
insensées : « Combien il est absurde de supposer que l'homme, soumis à toutes les infirmités de sa nature,
» puisse atteindre par ses menaces et effrayer non seulement les démons et les esprits des morts, mais le
»dieu soleil lui-même, la lune et d'autres êtres célestes. Le magicien ment pour obliger les puissances
«célestes à dire la vérité; car lorsqu'il menace d'ébranler les cieux, de révéler les mystères d'Isis ou de
» jeter à Typhon les membres d'Osiris, ne donne-t-il pas une preuve de démence dans ces menaces dont il ne
» comprend pas l'objet et qu'il est incapable d'accomplir? Quelle faiblesse ne faudrait-il pas attribuer aux
» êtres qu'on suppose devoir être effrayés par ces mots vides de sens ! Cependant le hiérogrammate Chére-
»mon nous rapporte que ces choses sont en vogue chez les Égyptiens, et affirme que ces pratiques et

» d'autres du même genre sont d'une efficacité puissante.......Pourquoi encore ces mots insignifiants

»ou d'origine étrangère dont ils se servent à la place du nom ordinaire des choses?» «Jamblique», continue
M. Chabas, » ne partage pas ce mépris, pourtant si mérité. Citant Porphyre il convient que : « les prêtres
» égyptiens faisaient usage de certaines menaces violentes contre les esprits (daimones) et même contre les
» dieux; par exemple : si vous ne faites pas telle chose ou si vous faites telle chose, je briserai les cieux,
»je révélerai les mystères d'Isis, je mettrai à découvert l'orcane caché dans l'abîme, j'arrêterai la beri
» sacrée, je jetterai à Typhon les membres d'Osiiïs. » Mais il explique à sa manière l'efficacité de ces vaines
formules et la puissance des noms divins empruntés aux langues antiques (noms que l'on rencontre à
chaque instant dans notre papyrus démotique et au sujet desquels nous reviendrons). Il admet l'existence
d'une armée d'esprits bons et méchants et suivant lui les esprits méchants se complaisent à accomplir le
mal qu'on leur demande. « Lors même, dit encore Jamblique, que, par ses imprécations aux êtres supérieurs
» un magicien a réussi à frapper un innocent de maux immérités, nous ne 'devons pas on accuser les dieux
»ni les êtres divins voués au bien et il faut nous abstenir de faire des suppositions indignes de la nature
» divine.» (Voir Jamblique, livre des mystères, chapitre des noms divins.)

Le papyrus 65 de Leyde, p. VIII, 1. 23 et suiv., donne justement en grec et en démotique une de
ces formules menaçantes contre Osiris, auxquelles Porphyre et Jamblique font également allusion clans les
passag'es cités ci-dessus. Le voici : « Pour parvenir à être aimé de quelqu'un qui lutte contre toi et ne veut
» pas te parler (dire :) Mtj |j.e oiwxe, ooe, avo"/_ ITcct^itou MexoupaVEç. lîaa-aÇto tvjv xatprjv tou Oa'.pEwç xat u-xyw
» za-aaTriaai autï)v v.-, ,. .. -/etc. Eav p.oi o oelvoc y.o-.oM: napaa^j] npocrpeito autï)v auTw. Son interprétation en langue
» égyptienne aussi est celle ci-dessous : — Ne me persécute pas, une telle ! — Je suis Papepitou Metoubanès,
»jo porte le sépulcre d'Osiris, je vais le transporter à Abydos: je le ferai reposer clans les.Alkah. Si une
» telle me résiste aujourd'hui, je le renverserai. — Dire sept fois.» (Voir mon Setna, préface p. 39.)

2 Origène en effet voulant prouver contre Celse qu'il ne suffit pas d'adorer un dieu unique, qu'il
faut l'adorer sous ses vrais noms et qu'il n'est pas indifférent « de l'appeler Jupiter ou Très-Haut, Zeus ou
» Adonaï ou Sabaoth, ou Ammon, comme les Égyptiens, ou Pappae, comme les Scytes» ajoute: «On en a
»la preuve manifeste dans les incantations que les premiers auteurs dos langues ont employées, chacun
» suivant sa langue et la prononciation diverse des noms; car, ainsi que nous l'avons déjà montré briôve-
» nient plus haut, les mots qui ont puissance dans une certaine langue, si on les traduit dans une autre
» perdent leur efficacité. . . Par exemple les noms d'Abraham, d'Isaac et de Jacob ont une signification
» qu'il est possible de traduire en grec. Or celui qui en incantant ou en conjurant aura nommé le dieu
» d''Abraham et le dieu d'Isaac et le dieu de Jacob, par la nature et la puissance de ces noms, fera que les
» démons eux-même, vaincus, devront obéir à ses ordres ; tandis que, au contraire, si l'on dit o Oeoç rac-poç
» exXezTou rrjç rj^ou; zou o Oeoç -ou yeXûjTo? y.xi o (ko; -ou ^-Epv.a-co'j, on n'obtiendra rien de plus par ces
«noms que si l'on en avait prononcé d'autres, dépourvus de toute vertu. Il en est de même du nom Israël:
»si on le traduit en grec ou dans une autre langue, il n'aura aucune puissance; si, au contraire, intact,
»il est joint avec les mots auxquels ceux qui savent, ont l'habitude de le joindre, il produira ce que les
» incantateurs annoncent qu'il faut attendre de la prononcation de ces paroles, (QpiyEvou; x«a Keaœou B s 45). »
Ailleurs Origène oppose le même genre d'arguments aux doutes exprimés par Celse sur l'antiquité de la
Genèse et de ses récits : « Si Abraham, Isaac et Jacob n'avaient pas existé, leurs noms, dans la formule dieu
» d'Abraham et dieu d'Isaac et dieu de Jacob, n'aurait pas la puissance qui les fait employer, non seulement
«par les Juifs dans leurs prières et leurs exorcismes, mais par tous ceux qui font usage d'incantations et
» de formules (B 3, 33). » Notre papyrus démotique GG de Leyde nous permet encore de constater l'exac-
titude des renseignements d'Origèno au sujet des noms empruntés aux Juifs, comme il l'a déjà fait pour
 
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