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Revue égyptologique — 4.1885

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Nr. 1-2
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Revillout, Eugène: Un nouvel extrait des entretiens du chacal Koufi et de la chatte éthiopienne
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https://doi.org/10.11588/diglit.11062#0101

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88

Eugène Revillout. Entretiens, etc.

«Il mangea (fit rentrer) sa peau en son ventre1, comme le nain estropié2.

«Enfin il se tint debout sur ses pieds3 : il fit — l'impie4 Koufi — libation5 devant
la déesse, car il était dans un grand bouleversement6 et ne savait plus le lieu du monde
où il était7.»

1 amf tefnemti n hetf. Pour am (qui se trouve sans cesse avec cette orthographe dans notre premier
extrait du Koufi et dans Setna, etc.) voir Brugsch, Bld., 186. Pour nemti «peau» voir le papyrus gnostique
65 de Leide, XIII, 7, le Koufi, XVI, 24; XVII, 30, premier extrait du Koufi, Bévue, II, II, pl. 27, etc. Brugsch
(Dkt., 768) avait noté ce mot sans en donner le sens. Ce sens est rendu très clair par les exemples que
nous venons de citer. Dans le papyrus gnostique 65 de Leide, Horus enfant dit à sa mère en pleurant :
«Un hérisson (qo^aevci = ij^s. — echinus d'après Freytag) est tombé sur ma peau (nemti). Que je la
lie!» Isis lui répond : «Lèche de ta langue sur toi toute grosseur jusqu'aux bords de la plaie; lèche les
bords de la plaie jusqu'aux bords de la peau (nemti). Ce que tu lécheras, tu l'avaleras: car il n'y a pas
là de venin». Dans la fable du lion et des chacals (Koufi, XVI, 24 et Bévue) les chacals répondent au lion
qui leur demandait de ne pas fuir devant lui : ;<Nous t'avons vu les frapper. Nous avons fait nos réflexions
à savoir que nous ne fuirions pas devant toi si tu nous épargnais et ne nous mangeais pas. Notre peau
(nemti) est sur notre dos. Nous ne voulons pas la rendre : à plus forte raison que tu nous manges!» Le

mot nemti vient de la même racine que

anmem

/WWV\ j

ô>.iiOAV, cutis (Brugsch, Dict.,

89—90, Peyron, Dict., 9) qu'on retrouve en démotique dans le Koufi (XVII, 12, 14) et en hiératique dans
le Bilingue Ehind (n° 344) qui le traduit alors en démotique par yar = ujev^p corium, pellis. Notons que
dans la page XVII du Koufi on joue sur cette double forme en rapprochant anmem de nemti (XVII, 30).

Mais alors le mot nemti (écrit identiquement sauf le déterminatif *-a surajouté à celui des membres)

représente siom^ «force» (Peyron, Dict., 124; Brugsch, Dict., 768). Pour en revenir à notre phrase actuelle:
«Il mange sa peau en son ventre comme le nain», elle a trait à l'air hérissé et tremblant du chacal se
rapetissant lui-même à cause de sa terreur et retirant à lui sa peau devenue ridée comme celle du nain
et de l'avorton. Chez les animaux du genre du chien la peau est, en effet, une sorte de vêtement ne tenant
qu'imparfaitement aux chairs et changeant d'aspect selon les impressions de l'animal. — Pour le mot

het — 3ht, q «ventre» voir Brugsch, Dict., 1042, Bilingue Rhind, n° 341.

2 mlceti pnema. Conf. ^^^^ naiuj l'estropié» (Brugsch, Dict., 762).

'■' Brugsch, Dict., 927.

4 Le mot sest vent dire mot-à-mot «empêcher» (voir Brugsch, Dict., 1316). Dans un autre passage du
Koufi (V, 25) il se dit de «celui qui fait tout empêchement (sest) à tout dieu». Ce crime qui consiste à
faire obstacle à un dieu est prévu dans la confession négative (Livre des morts, chap. 125, VII). Le défunt
doit dire : «Je n'ai pas fait obstacle à un dieu dans sa manifestation». C'est ainsi que celui qui fait obstacle
(sest) est considéré comme un impie (notons qu'en hiéroglyphes on se sert de l'expression yesef, Brugsch,
1136, pour le passage en question du Livre des morts, ce que le papyrus de Pamonth rend par kef = luocoqe
«vexer»; voir Papyrus de Pamouth, p. 25, de mon édition). Un autre sens très fréquent de sest est «mystère»
(pour ces divers sens voir Brugsch, Dict., 1316 et conf. Koufi, V, 27 et 28, VIII, 28, VI, 18, 20 et XXII,
2, etc.). Du sens «mystère» vient le déterminatif divin employé pour sest même parfois quand il s'agit du
sens «empêcher», comme l'a déjà remarqué Brugsch (loco citato). Il y a aussi le mot sest (Brugsch, 1318)
désignant une chapelle, ou une partie du temple, en général en connexion avec le culte de Ra, selon une
remarque de M. E. de Rougé. Le Koufi joue souvent sur ces divers sens de sest, dans la colonne V par
exemple. Dans cette colonne et dans beaucoup d'autres passages sest «empêcher» reçoit parfois les déter-
minatifs du mal. Brugsch a aussi relevé à côté du déterminatif divin le déterminatif ^ sur lequel on peut
voir mon volume sur le Poème satyrique, p. 201 et suiv.

5 Brugsch, Dict., 305. Le déterminatif ordinaire du vase est remplacé par celui de l'eau dont nous
avons noté plus haut la forme singulière dans le Koufi. Le mot npmeti = wti^to qui suit se trouve déjà
plus haut XI, 26 (conf. Brugsch, Dict., 723).

6 kouami = <roo.m.e. La voyelle intercalaire ou marque ici le passif; conf. Chrest. dém., p. 25 et 29;
Brugsch, Dict., 1455; Konfi (premier extrait dans la Bévue, II, II, pl. 17 et 24). Voir plus haut Koufi, X,
31, kema. Conf. Koufi, XIII, 2 : kami, etc.

7 Voir pour cette formule Setna, p. 30 et 118 de mon édition.

(La suite prochainement.)
 
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