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Revue égyptologique — 4.1885

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Nr. 3-4
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Revillout, Eugène: La suite d'un dossier
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https://doi.org/10.11588/diglit.11062#0172

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La suite d'un dossier.

155

deux actes; le bien paternel à partager entre les enfants de la donatrice se serait aussi trouvé
doublé. Tanofré donc; après avoir assigné en dot à sa fille une part indivise d'un tiers sur
la moitié qui était déjà entre ses mains; se serait réservé d'assigner à trois de ses autres
enfants leur part d'immeuble sur la moitié qu'elle avait seulement eu nue propriété mais qui
devait lui revenir un jour. Comme elle ne se désaisissait pas d'ailleurs de la possession des
biens1 qu'elle donnait à ses enfants comme part héréditaire pour le moment où elle n'y serait
plus, une fois les deux moitiés se trouvant réunies, il devenait beaucoup plus commode pour
sa jouissance personnelle de ne plus distinguer deux domaines séparés dans une propriété
qui était devenue un seul et même bien et qu'elle pouvait ainsi modifier à sa fantaisie par
des constructions et des améliorations diverses portant indifféremment sur une moitié ou sur
l'autre. En recommençant le partage, elle évitait toutes les réclamations et les récriminations
qui auraient pu se produire par la suite, si une des moitiés s'était trouvée plus avantagée
que l'autre par les changements qu'elle méditait. D'ailleurs cela faisait éviter toute méprise
possible sur l'interprétation des mots «propriété me venant de ma mère et du père de ma
mère». Les trois aînés qui avaient reçu chacun un tiers de ce dont elle jouissait d'abord,
ne devaient recevoir en définitive qu'un sixième du tout. Ils n'étaient pas lésés en cela et
n'avaient pas de raison pour refuser leur adhésion2. Mais cette adhésion était nécessaire pour
que l'acte fut régulier.

Quant aux liturgies il est possible que le cas eut été le même en ce qui les touchait
qu'en ce qui touchait les immeubles. Car la mère de Tanofré avait pu aussi bien laisser la
jouissance de la moitié de ses liturgies à son dernier mari que la jouissance de la moitié
de ses immeubles.

Nous savons comment les choses se passaient en pareil cas, car après qu'un mari, Patma,
eut cédé tous ses biens à sa femme, celle-ci n'en fut pas moins obligée d'assurer la propriété
de ses biens à la famille de ce mari qui les lui avait cédés d'abord par un double écrit
parfaitement en règle.

Pour en revenir au mariage honoraire de Petkes avec Tanofré, son caractère est un
peu modifié par ces nouvelles pièces.

La séduction nous paraît venir plutôt du côté de la femme que de celui du pauvre
marchand. En effet, la femme était veuve et elle avait eu six enfants dont une fille qui se
maria cinq ans plus tard et une autre qui se maria huit ans plus tard. Il est vrai qu'on se
marie très jeune dans les pays d'Orient et qu'en l'an 17 elle pouvait n'avoir malgré tout cela
que peut-être une vingtaine d'années.

Or nous savons par les témoignages des anciens, de Strabon entre autres, que les Egyp-
tiennes passaient pour très séduisantes. Cléopâtre, quand elle s'empara du cœur d'Antoine, au
point de se faire proclamer par lui souveraine de cet Orient que possédaient déjà les Eo-

1 Elle ne faisait qu'un écrit pour argent, écrit qui assurait la propriété et non la jouissance. Pour
celle-ci il fallait un second écrit : l'écrit de cession.

2 La mère leur aura dit sans doute : Quelle utilité verriez-vous à ce que je laisse un mur entre les
deux moitiés de ma propriété? Or, si je supprime ce mur, rien ne distinguera plus le groupe des trois parts
revenant aux aînés du groupe des trois parts revenant aux autres. Une novation était donc nécessaire.
 
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